mercredi 27 septembre 2023

L'Exilé de Capri, de Roger Peyrefitte, 1959

Je n’avais jamais lu la biographie que Roger Peyrefitte a consacrée à Jacques d’Adelswärd-Fersen, L’Exilé de Capri, parue en 1959. Pourtant, cela fait déjà quelques années que je m’intéresse à cette personnalité, tant pour son œuvre littéraire (je pense au beau Baiser de Narcisse, illustré par Ernest Brisset), que pour la première revue homosexuelle française qu’il a lancée en 1909, Akadémos. J’ai d’ailleurs contribué à la réédition récente. Enfin, j’ai écrit un texte sur Fersen pour un des livres de Nicole Canet, Plaisirs et Débauches au Masculin. 1780-1940. La seule biographie que j’ai lue est celle, bien documentée, richement illustrée et très agréable à lire, de Jacques Perot et Viveka Adelswärd : Jacques d'Adelswärd-Fersen, l'insoumis de Capri, parue en 2018 (voir une recension sur ce blog).

Jacques d'Adelswärd-Fersen (1880-1923), en 1903

Possédant depuis peu un exemplaire dédicacé de l’Exilé de Capri, j’ai donc eu l’occasion de découvrir ce texte. C’est un livre qu’il est difficile de classer. S’agit-il d’une biographie historique ? Dans ce cas, il lui manque le minimum de rigueur et de méthode scientifiques. Pas de références, pas de sources, qui permettent soit d’aller plus loin, soit de connaître l’origine des informations avancées. S’agit-il d’un roman ? La forme choisie pour le récit, l’abondance des dialogues peuvent le laisser penser. Roger Peyrefitte a probablement voulu que son livre marie l’histoire et le roman pour donner plus de chair aux personnages et plus de vie aux faits rapportés. Cela aurait pu être un choix judicieux. C’est celui, récent, d’Olivier Charneux pour son roman sur Jean Desbordes et Jean Cocteau : Le glorieux et le maudit, qui vient de paraître (et, qu’au passage, je vous recommande). Dans le cas de l’Exilé de Capri, le résultat me semble bien en-deçà de ce que l’on pourrait espérer.

La forme romanesque aurait pu être l’occasion de nous décrire ou d’imaginer les sentiments, les pensées ou les émotions de Fersen au moment de l’affaire des « messes noires » et de l’humiliation publique vécue par un homme qui se croyait intouchable. Las ! Le récit est plat et sans émotion, comme si l’on parlait ici d’une simple péripétie, certes désagréable, dans la vie d’un homme. Et pourtant, il y a dans l’histoire de Fersen, un avant et un après. Nous aurions aimé que Roger Peyrefitte nous décrive comment cet homme a pu, dans le même temps, rester fidèle à lui-même et se réinventer pour exister dignement, comment il a pu retrouver le respect de soi, l’estime de soi, qui permettent de surmonter une telle épreuve et de continuer à aller de l’avant. Fersen a bien dû traverser cette étape difficile pour poursuivre son travail d’écrivain, à moins que le travail d’écrivain est ce qui lui a permis de franchir cette étape. Il a dû en rester une blessure secrète qui l’a peut-être conduit à mettre fin à ses jours en 1923. Là-aussi la forme romanesque aurait pu aider à pénétrer, ou à défaut imaginer, les méandres psychologiques du personnage, ce qui l’a amené au suicide alors que tout semblait lui réussir. Malheureusement, Roger Peyrefitte n’a pas l’étoffe pour brosser un tel portrait. Le récit reste à la surface du personnage, tel que l’on peut le connaître d’après les témoins et les chroniques de l’époque. Pourquoi pas ? Mais dans ce cas, il aurait été plus sage, pertinent et judicieux de privilégier le récit historique plutôt que l'œuvre romanesque. Cela aurait pu suppléer à un manque certain d'imagination. Nous aurions alors eu en mains une fresque des événements vécus par Fersen, ses faits et gestes, avec un parti-pris de distanciation vis-à-vis de son sujet et une garantie que tous les renseignements sont fiables et incontestables et peuvent être ensuite utilisés.

Roger Peyrefitte se targue d’avoir obtenu beaucoup d’informations de contemporains. C’est une chance dont n’ont pas bénéficié les biographes récents. Mais quelle valeur attribuer à ce qu’il rapporte, quand il n’y a aucune source ou référence aux informations apportées et que le tout est inséré dans un récit romanesque ? Comme Jacques Pérot, on peut régler l’affaire en disant que c’est « un ouvrage fortement romancé ». On n’a donc pas à s’interroger sur ce que rapporte Roger Peyrefitte. Pourtant, quand il raconte que Fersen fréquentait les mauvais lieux de Montmartre comme le Scarabée d’Or, le Maurice’s Bar, de la rue Duperré et, plus tard, le Palmyre, de la place Blanche, est-ce seulement une invention romanesque de Roger Peyrefitte ou cela se fonde sur des faits avérés ? Dans ce cas, l’image de Fersen n’est plus tout à fait la même si cet homme pouvait concilier son milieu d’origine, mondain, esthète et raffiné, avec des milieux plus interlopes. Sauf erreur de ma part, seul le premier monde est généralement cité quand on parle de lui, en accord avec l'image qui lui est associée. Imaginer Fersen à Montmartre est presque de l'ordre de l'impensable. Autre exemple, Roger Peyrefitte attribue à Achille Essebac, une influence importante sur Fersen. L’auteur de Dédé, Partenza et Luc lui aurait fait connaître l'existence des garçons du Parc Monceau, futurs visiteurs de sa garçonnière de l’avenue de Friedland. Il lui aurait fait découvrir le photographe Gloeden. Enfin, influence majeure, le choix de Capri pour son refuge serait la conséquence directe d’une phrase d’Essebac :
Jacques songeait qu’à l’origine même de son goût pour Capri, dont sa rencontre avec Nino était la conséquence, il y avait une phrase de ce brave homme sur « les éphèbes de Tibère ».
Une telle influence ne peut pas avoir été totalement inventée par Roger Peyrefitte. Il y là sûrement quelque chose à creuser dans cette rencontre, certes improbable, entre Fersen et Essabac, qui vivaient dans deux mondes différents, presque opposés, et que seuls des goûts communs rapprochaient.

Enfin, à propos d’Akadémos, Roger Peyrefitte rapporte le rôle majeur du compositeur Jean Nouguès, comme inspirateur de la revue, tout du moins au moment de sa création :
Il espérait que cet ouvrage [Et le feu s'éteignit sur la mer...] relancerait une carrière à laquelle n’avait même pas profité le scandale et il ne voulait rien négliger pour cela. Aussi avait-il décidé d’aller à Paris sonner les cloches. Nouguès, venu chez lui faire un opéra de Quo vadis ? lui suggérait de fonder une revue : c’était un moyen d'imposer au monde des lettres el d’aider la carrière d’un livre. Cette idée le séduisit. Il se donnait déjà l’illusion de jouer un rôle par le seul fait d’être abonné à presque toutes les revues de l’Europe : lequel ne jouerait-il pas, s’il en dirigeait une ? Oui, il fonderait une revue, la plus indépendante des revues : elle serait mensuelle, illustrée, luxueuse et s’appellerait Akadémos. Ce nom évoquerait la villa Lysis, en évoquant celui de Platon, qui n’en pouvait mais.
Il partit pour Paris, avec Jean Nouguès et Nino, s'installa d’abord à l'hôtel Chatham et fut enchanté de ses premières tentatives.
C’est plausible et, là-aussi, je ne vois guère pourquoi Roger Peyrefitte aurait inventé cela. Pourtant, comme dans les deux cas précédents, plus personne n’utilise cette information et creuse cette piste et cette influence. On pourrait multiplier les exemples. C’est la limite ou la faiblesse du choix de l’auteur de ne pas avoir tranché entre la forme romanesque et la biographie historique (je ne parle même pas de biographie scientifique). En définitive, son ouvrage, par sa forme hybride, n’est ni vraiment de l’histoire, ni vraiment du roman. Il ne peut guère servir pour une vie de Fersen. C’est dommage.

La première édition de 1959 contient une préface de Jean Cocteau, un peu désinvolte, qui montre une profonde antipathie, voire du mépris, pour Fersen :
Être privé de génie, lorsqu’on en rêve, doit être le pire des supplices.
On devine que des faibles s’imaginent trouver dans cet écart sexuel et le faste de mauvais aloi qu’il entraîne, un dérivatif à leur impuissance créatrice. 
[…] j’ai toujours eu vive répulsion pour une certaine petite fleur bleue des enfers.
Fersen reste l’exemple de ce bric-à-brac gréco-préraphaélitico-modern’style.
Roger Peyrefitte s’en explique dans Propos secrets (p. 157-158). Il aurait demande l’appui de Jean Cocteau, en espérant un article ou des déclarations. Celui-ci lui proposa cette préface qu’il ne pouvait refuser. Dès qu’il le put, il la supprima des éditions ultérieures. Jean Cocteau se serait vanté de n’avoir lu ce livre « que d’un œil ».

Enfin, dans Propos secrets 2 (p. 353-364), il présente quelques-uns de ses informateurs pour écrire cette biographie, que ce soit à Paris (il cite surtout Guillot de Saix et Paul Morand), ou à Capri. Visiblement, il a rencontré beaucoup de personnes. Il s‘est document sur le Gay Paris 1900 pour restituer l’atmosphère dans laquelle a vécu Fersen. Malheureusement, entre le matériau brut qu’il a recueilli et la biographie qui en a résulté, il ne nous donne aucune information sur sa « fabrique » de l’histoire. C’est d’autant plus dommage qu’il a sûrement eu accès à des informations et des confidences que lui seul a obtenues et qu’il a sûrement utilisées pour son ouvrage. Cela me conforte dans mes sentiments mêlés vis-à-vis de ce livre. Il y a probablement quelque chose de vrai dans ce qu’il raconte – et qui a souvent été totalement occulté par les biographes successifs, à l’exception notable de Will H.L. Ogrinc, dans sa remarquable étude : Frère Jacques : A Shrine To Love And Sorrow. Jacques d’Adelswärd-Fersen (1880-1923) (2006) – mais comment faire la part des choses pour ensuite l’utiliser pour écrire l’histoire de Fersen ?

Dans Propos secrets, 2, Roger Peyrefitte raconte  sa découverte de Fersen lorsqu’il était adolescent. Aussi bizarre que cela puisse paraître, c’est grâce à un ouvrage du pamphlétaire et journaliste maître-chanteur Georges-Anquetil, Satan conduit le bal, paru en 1925. Ce livre, comme l'indique le sous-titre, se voulait une dénonciation violente des mœurs de l’après-guerre. Parmi les « dépravations » qu’il fustige, l’homosexualité se trouve en bonne place, dans un long chapitre « La pédérastie à Paris » (pp. 226-250).


On y retrouve des extraits de nombreux auteurs, ce qui, paradoxalement, fait de cet ouvrage une bonne source de références sur l’homosexualité de l’entre-deux-guerres. Et, comme on le voit par la confidence de Roger Peyrefitte qui n'avait pas d'autres ouvrages à disposition, ce livre homophobe devient une source d’informations sur l’homosexualité pour une jeune homme provincial comme il l’était alors. Avec cet exemple, on mesure l'écart en cent ans sur les moyens de se construire en tant qu'homosexuel.

Description de l'ouvrage

Roger Peyrefitte
L'Exilé de Capri
Avant-propos de Jean Cocteau, de l'Académie française
Paris, Flammarion, Éditeur, 1959, in-8°, 345 p.


J'ai trouvé un exemplaire du tirage de tête, sur papier alfa (un papier que j'aime particulièrement pour la douceur de son toucher, papier qui semble avoir disparu de l'usage). Il porte un bel envoi à une personne proche 
« admirable compagnon de voyage au pays de l'Exil » (j'ai masqué le nom du dédicataire) :



Édition de 1974

En 1974, Roger Peyrefitte donne une édition définitive de cette biographie, dans la collection du livre de poche, avec une couverture de Gaston Goor, qui était bien dans l'esprit du temps (et plus du tout dans le nôtre).


Dans le texte de présentation, il est de nouveau précisé : « Ce livre est une biographie romancée. Tous ses personnages ont réellement existé. » A la lecture, il apparaît que les modifications sont peu nombreuses. Un chapitre a été ajouté à propos des Mémoires du baron Jacques, un ouvrage érotique du docteur A. S. Lagail, pseudonyme d'Alphonse Gallais, qui a largement brodé (fantasmé ?) sur les mésaventures de Fersen. Dans les chapitres sur les « messes noires », Roger Peyrefitte s'est montré un tout petit peu plus explicite sur ce qu'il s'y passait. En 1959, il avait voulu ménager la sœur encore vivante de Jacques d'Adelswärd-Fersen. En 1974, il pouvait se permettre d'en dire plus. On jugera :
[Édition de 1959] :
Jacques ne prétendait pas pervertir les garçons qui le fréquentaient, mais les rendre heureux par la découverte de la beauté et de la liberté. [...] Lorsqu'il voyait l’effet du feu qu’il soufflait, il rappelait aux catéchumènes que sa maison était un temple et il les dirigeait vers la garçonnière ou frissonnière d’Hamelin de Warren. Ce qui se passait entre ces murs-là, ne le regardait pas.

[Édition de 1974]
Jacques ne prétendait pas pervertir les garçons qui le fréquentaient, mais les mettre à l'aise dans leur perversion. [...] Lorsqu'il voyait l'effet du feu qu'il soufflait, il dirigeait les catéchumènes vers sa salle de bains ou donnait secrètement rendez-vous à l’un d'eux dans la garçonnière ou frissonnière d'Hamelin de Warren.
Plus loin, dans l'édition de 1974, il ajoute : « C'était évidemment avec plus de désinvolture que les petits amis de Jacques sortaient de sa salle de bains. »

On laissera le soin au lecteur d'imaginer ce qu'il s'y passait. Si vous voulez le savoir, vous pouvez aussi vous reporter aux Propos secrets, 2, de Roger Peyrefitte (p. 362) où les mots sont mis sur les choses.

Pour finir, il est étonnant que Roger Peyrefitte qui se piquait d'exactitude et n'hésitait pas à fustiger les négligences des autres n'ait jamais écrit correctement Adelswärd, avec le tréma, que ce soit dans l'édition de 1959, mais non plus dans celle de 1974.

lundi 11 septembre 2023

Over the Rainbow, une belle exposition LGBT+ à Beaubourg

Le centre Beaubourg présente une très belle et très riche exposition sur la culture LGBT, Over the Rainbow (lien vers le site). Ce sont plus de 500 œuvres qui offrent un panorama diversifié des productions au service de la cause LGBT, essentiellement des livres, des imprimés, parfois des tableaux ou des films. L’exposition couvre la période qui va des années 1920 jusqu’à nos jours.

Jean Cocteau, Soldat endormi, 1948-1950

Après un début d’exposition consacré au Paris lesbien de l’entre-deux-guerres, « Portrait du Paris-Lesbos », le premier artiste gay à l’honneur est Jean Cocteau. Comme souvent, tout au long du parcours, certaines personnalités sont mises en avant, sans que les choix (et donc les absences) soient expliqués et justifiés. Ceci étant dit, il est heureux de rappeler l’importance de Jean Cocteau pour la visibilité homosexuelle dans les années 1920, même si, me semble-t-il, André Gide a probablement été plus déterminant pour cette cause. Pour évoquer ce dernier, seul un des rares exemplaires du Corydon est présenté, à côté du Livre blanc, de Cocteau. On pourrait aussi parler de l’absence totale de Proust. 

Dans cette même section, une belle vitrine nous rappelle qu’à côté de ces quelques monstres sacrés, des auteurs comme René Crevel ou Pierre de Massot ont aussi, à leur niveau, défendu la sensibilité homosexuelle. Un beau choix de livres du premier est là pour illustrer cette littérature. 

Le cartel de présentation n’occulte pas qu’il a été « la cible régulière d’une critique littéraire homophobe, notamment de gauche ». Il aurait été judicieux de rappeler que René Crevel a souffert dans sa chair de cette homophobie, en particulier de celle de ses « amis » surréalistes. Il l’a payé au prix de sa vie. 

Probablement à cause de ma fibre littéraire et bibliophilique, j’ai été particulièrement sensible à tous ces livres, souvent rares et introuvables, mis à l’honneur. L’exposition ne se résume pas à cela. Ces quelques photos illustrent ce qui a retenu mon attention, m’a plu, m’a même ému.

Quelques photos, dont Voinquel

Une vitrine consacrée au bal de Magic-City et aux photos de Brassaï.

Affiches du film Querelle, par Andy Warhol

Vitrine Jean Genet

Vitrine Jouhandeau et Arcadie

Un inédit de François-Paul Alibert : La Couronne de pines 

Section consacrée à Jean Boullet

Jean Boullet : portrait de Kenneth Anger

Amateur de Jean Boullet dont j’ai souvent parlé ici, j’ai apprécié cette belle vitrine en son honneur et ces quelques peintures. S'il mérite d’être connu et reconnu, la large place qui lui est faite dans l’exposition est bien supérieure à son impact et à son influence réels, somme toute faibles, sur la visibilité homosexuelle.

Sur cette première partie, on peut tout de même regretter que la sélection d’œuvres présentées reste, si j’ose dire, bien classique : Cocteau, Genet, le Magic City, Voinquel, etc. comme si, au-delà ou à côté de ces personnalités ou événements bien connus, il n’avait pas existé – et je ne parle que de la France – un foisonnement d’initiatives, d’œuvres, d’artistes, de lieux qui ont, à leur manière, plus secrètement, travaillé à donner une plus grande visibilité au monde « inverti », pour utiliser un mot de l’époque. Peut-être que mes travaux récents sur la subculture gay des années 20-30 ou sur La Petite Chaumière, le premier cabaret de travestis de Paris, m’ont ouvert à cette redécouverte des sensibilités homosexuelles des années d’entre-deux-guerres. La seule exception à ce que je viens de dire est une riche section consacrée à la chanson de cette même époque.

À mi-parcours, l’exposition change assez brutalement dans la nature des documents présentés. Cela correspond à la période 1960-1970 avec l’apparition d’un militantisme plus politique, la « libération homosexuelle », puis le militantisme lié à l’épidémie du SIDA. C'est aussi le moment où apparaît la culture queer, comme une culture avec ses propres règles et son identité. Là-aussi, il est difficile de savoir si c’est un choix délibéré, mais, d’une première partie centrée sur les œuvres littéraires, d’expression française, on bascule vers les supports éphémères : journaux, revues, fanzines, tracts, etc., dont beaucoup sont en anglais. C’est un choix judicieux car cela nous rappelle que les messages peuvent passer par d’autres médias que le livre, avec une diffusion plus large. La conséquence est qu’on finit par oublier que la littérature, les essais, les « queer studies » ont continué à accompagner ce mouvement de visibilité et, parfois, de lutte de la cause homosexuelle jusqu'à aujourd'hui. Ces quelques photos sont là pour illustrer mon propos sur ce changement dans les documents présentés :






Le catalogue est à l’image de l’exposition par ses choix et ses absences, même s'il est beaucoup plus riche. Il est organisé en courts chapitres illustrés qui reprennent, en les approfondissant, les thèmes ou documents présentés. Dans l'introduction, Nicolas Liucci-Goutnikov donne probablement la réponse aux principes qui ont prévalu dans la sélection des œuvres exposées : 

Il en va sans doute de même des œuvres dont la vaste, quoique souterraine, constellation se dessine ici : elles n’ont pas nécessairement d’« élément commun », mais elles répondent, chacune dans son propre idiome, aux poncifs homophobes, et produisent des contre-représentations susceptibles de combler les insuffisances de l'imaginaire collectif et de permettre ainsi de fécondes identifications pour les « minorités érotiques ».

Le mot « constellation » me semble particulièrement bien choisi pour exprimer en même temps l'idée de diversité, de liens ou passerelles à créer entre les documents et les époques, mais aussi d'apparent désordre. Une constellation n'a pas vocation à représenter la totalité du sujet qu'elle traite. Elle doit permettre de « fécondes identifications » à chacun.

Pour quelqu’un qui découvrirait cette culture homosexuelle, le catalogue  ouvre des portes, des pistes pour aller plus loin. Ce n'est pas un catalogue scientifique de l'exposition, mais plutôt l'utile et bien illustré complément à la visite. Il ne faut pas y chercher une synthèse sur l’expression homosexuelle écrite et graphique de 1920 à nos jours, ni même d’ailleurs sur l’histoire de l’homosexualité. Ce n'est pas son objectif, même si, au passage, notons que cette synthèse reste à faire.

En résumé, une très belle exposition, nécessaire pour nous rappeler la richesse et la diversité des cultures homosexuelles, de belles pièces exposées, un plaisir pour les yeux.

Tableau de Jean Boullet

P.S. :

Comme l’explique la présentation de l’exposition, les pièces présentées proviennent essentiellement des collections de la Bibliothèque Kandinsky, qui se sont récemment enrichies de plusieurs centaines d’items, « grâce au soutien institutionnel de Gilead Sciences ». Pour ceux qui l'ignorent, il s'agit d'un grand groupe pharmaceutique américain qui pèse près de 30 milliards de dollars de chiffre d’affaires. Malgré mes recherches, je n’ai pas trouvé le motif de la « générosité » de cette entreprise, ni la nature exacte des liens avec le centre Beaubourg. 

jeudi 13 juillet 2023

Une revue de poésie dirigée par Guy Lévis-Mano, 1924

En 1924, Guy Lévis-Mano, en association avec quelques amis, lance une revue littéraire uniquement consacrée à la poésie, simplement intitulée Des Poèmes. Elle n’a eu que trois numéros. On y retrouve l’esprit du recueil de poèmes, Les Éphèbes, du même Guy Lévis-Mano, aussi publié en 1924 (cliquez-ici), même si le caractère homoérotique y est moins prononcé. C’est essentiellement dans les illustrations que l’on y retrouve ce goût pour les figures androgynes, comme dans ce dessin de Gaston Poulain.


C'est ce même Gaston Poulain qui a pris en charge l'illustration des Éphèbes, sous le nom de Lovel. Dans le premier numéro de la revue, il est l'auteur d'un poème qui fait écho, en quelque sorte, au titre du recueil de Guy Lévis-Mano :
Prélude d’hiver

L’éphèbe est mort pendant la nuit,
Il est mort par mélancolie,
Fragilité, brisé d’ennui,
Pâleur d’opale encor pâlie.

Il était triste et je l’aimais,
Il m'a laissé sa poésie
Afin de fuir, à tout jamais,
L’éternité de l’amnésie.

Du grand artiste, un coup de gomme
Effaça cet être si beau,
Je peux pleurer ; le cœur d’un homme
Ne s’emplit pas comme un stylo.

Je ne saurai plus rien de lui !
L'on a cueilli les chrysanthèmes,
Près de son corps un cierge luit...
Comme il fut court notre poème !

Je vois les fleurs qui se défont :
La lune est là, pâle et gênée...
L'automne meurt et râle au fond
De la forêt oxygénée.

Mon rêve et lui seront enfouis
Dans le jardin cachant les crimes,
Tous les amants se sont enfuis :
Le vent gémit parmi les cimes.

Je reste seul, sans compagnon
Le corps est mort, l’âme est partie ;
Le flocon blanc des champignons
Semble une lettre anéantie.

La forêt pleure : Aux pleurs se mêle,
Trop doucement l’amour d’antan,
Le souvenir de sa voix frêle
Est un concert déconcertant.

Glas et verglas. Mon cœur se brise !
La mort s’en vient avec l'hiver...
Je ne suis pas de ceux qu’on grise.
J’ai cassé mon flacon d’éther.
Qu'il a accompagné d'une autre illustration de sa main :


Cette double page, avec une gravure à gauche et un poème, à droite, tous les deux œuvres de L. de Leusse, illustre le soin mis dans la composition, équilibrée et sobre, de la revue. Même s'il ne s'agit pas d'une impression de Guy Lévis-Mano  rappelons qu'il s'est surtout fait connaître comme typographe, sous les initiales GLM , on perçoit dès ses années de jeunesse, l'attention portée aux questions de typographie et de mise en page.


Pour finir, un choix de quelques gravures :

Gaston Poulain

José-Angel Ferrer

Gaston Poulain

Et ce dernier poème, toujours de Gaston Poulain, dédié à André Jullien du Breuil. Ce dernier nom est, en soi, une preuve que, malgré la retenue des textes, nous sommes bien dans un milieu où l'homosexualité est présente comme en filigrane ou en arrière-plan. Encore jeune homme, André Jullien du Breuil a suscité une grande passion à Marcel Jouhandeau.
Le ciel est gris, trop gris pour moi si fatigué :
Le jardin se défeuille alangui sous la pluie.
Longtemps vers les coussins mes doigts ont divagué,
Sur le divan d'argent mon pyjama s’ennuie.

Dans le miroir, ovale et flou, je m'aperçois,
Tout près de ce désir fantasque d’un artiste,
La vasque japonaise où les poissons chinois
S’endorment en dorant le cristal d’améthyste,

Le globe contenant un brouillard de clarté
A fait du guéridon cet astre de dentelles :
Quittant le satellite, un vieux service à thé,
L'oiseau de Paradis s'enfuit à tire d’ailes.

Un œillet blanc, lassé, voilé de sparagus
Se pâme lentement de langueur inconnue,
Des champs caligineux s’exhale un angelus.
Mes yeux voudraient garder le jour qui diminue.

Description de l'ouvrage

Des Poèmes
Revue publiée sous la direction de Guy Lévis-Mano, avec Félix Gravier, comme gérant. Seuls trois numéros ont paru :
      Cahier n° 1, Avril 1924, 24 p. 
      Cahier n° 2, [Juillet 1924], 24 p., numérotées [25]-48.
      Cahier n° 3, [septembre 1924], 20 p., numérotées [49]-68.


Les auteurs publiés sont :
      Maurice Aubret
      André Cerny
      Jane Doloé
      Hella Helminska
      Halina Izdebska
      André Jullien du Breuil
      L. de Leusse
      Guy Lévis-Mano
      Gaston Poulain
      Marie Sauvage
      Gil Vertal                 

Les illustrateurs ;
      Robert Barriot
      José-Angel Ferrer
      Jean Lebdeff
      L. de Leusse
      Gaston Poulain
      Christine de Steiger
      Pierre Thiriot
      


Pour ceux qui voudraient découvrir Guy Lévis-Mano et Gaston Poulain, je signale que j'ai pris en charge la réédition du recueil Les Éphèbes, aux éditions GayKitschCamp, en 2018, dans laquelle sont reproduits intégralement les poèmes de Guy Lévis-Mano et les illustrations de Gaston Poulain, avec une notice sur ces deux auteurs. L'ouvrage est toujours disponible aux éditions GayKitschCamp : gaykitschcamp.blogspot.com




Guy Lévis-Mano


Gaston Poulain

mercredi 5 juillet 2023

Dissertation sur les idées morales des Grecs, Octave Delepierre, 1879

Il y a presque douze ans, je présentais une des premières études sur l'homosexualité publiée en 1861 par Octave Delepierre : Un point curieux des mœurs privées de la Grèce (cliquez-ici). J'en donnais alors une lecture qui mettait en avant la neutralité et la bienveillance de l'auteur à l'égard de cette « anomalie », pour reprendre son mot. Aujourd'hui, j'ai toujours cette même lecture du texte. En revanche, Octave Delepierre a refondu et enrichi ce premier ouvrage qui a ensuite été publié juste après sa mort, en 1879 :  Dissertation sur les idées morales des Grecs et sur le danger de lire Platon. Dès le titre, on comprend que l'ouvrage se montrera moins bienveillant et moins neutre vis-à-vis de l'homosexualité.

Octave Delepierre (1802-1879)

Il ne s’agit pas d’une réédition de son ouvrage précédent, mais d’une réécriture ou d’une refonte. On y retrouve des passages identiques, par exemple toute la discussion sur Sapho et sur la réalité de ses relations féminines. Les deux textes débutent par une introduction similaire, où l'on retrouve le mot « anomalie » pour désigner les mœurs homosexuelles :

Un point curieux… (p. 7) :
Dans toutes les histoires complètes de la Grèce ancienne, on s'est occupé de l'étrange anomalie que présentent, en certains cas, les mœurs de ce pays, si on les compare aux idées que nous nous formons d'un peuple parvenu à un si haut degré de civilisation. Assez de passages nous restent, dans les écrits des philosophes et des poëtes, pour prouver que l'amour était compris chez les Grecs d'une tout autre manière que chez nous, tant entre les hommes qu'entre les femmes.
Dissertation… (p. 1) :
Une étrange anomalie que présentent les mœurs de la Grèce, d'autant plus étrange qu'elle était pour ainsi dire parvenue à être une sorte d'institution nationale, a attiré l'attention des plus célèbres écrivains de l'antiquité.

L’organisation générale de l’exposé est similaire, les exemples utilisés sont souvent les mêmes, par exemple, la tentative de séduction de Socrate par Alcibiade (p. 16 dans les deux ouvrages). Dans les deux textes, l'auteur rapporte le mythe de l'Androgyne (respectivement, p. 14 et p. 15). Cependant, la Dissertation contient des références supplémentaires, avec plus de précisions et des notes de bas de page.

La différence majeure porte sur les conclusions. Dans Un point curieux, dès la fin de la discussion sur Sapho, Octave Delepierre passe à ce qui a motivé son étude : « Les détails des mœurs qu'on vient de lire nous montrent que ce qui est raconté dans l'Alcibiade fanciullo n'est pas une complète fiction, et que l'auteur, quel qu'il soit (car nous n'avons pu le découvrir), a traité la question d'après des éléments que l'on trouve dans les écrits des philosoques [sic] les plus respectés. » (p. 27). La conclusion de la Dissertation est beaucoup plus développée et, surtout, garde beaucoup moins de distance par rapport à son sujet. Comme l’annonce le titre, l’auteur s’attaque aux erreurs de Platon et à la mauvaise influence que sa lecture peut avoir sur la jeunesse :

Si les rapports entre les sexes eussent suivi leur cours naturel dans les époques postérieures à celle d'Homère, peut-être que nous n'aurions pas eu à déplorer la dégradation où se vautrèrent les Romains de l'Empire, ni les horreurs que rapportent Juvénal et Martial. La dégradation de la femme entraîne fatalement la chute des États.
On se demande comment Platon a pu oublier un pareil principe ! Comment un philosophe comme lui, qui avait devancé son siècle sur tant de points, est-il resté en arrière sur celui-ci ? Cela prouve que quelque grand que soit un génie, il reflète toujours par un côté l'esprit de son siècle, et qu'il est des vérités qui restent pour lui impénétrables. (p. 18-19)
Après les extraits qu'on vient de lire, n'a-t-on pas lieu d'être grandement étonné que plusieurs doctes et pieux écrivains aient considéré Platon comme une sorte de précurseur du Christianisme ?
C'est du reste une des fatalités qui s'attachent à ce qu'on appelle les études classiques, et à la dangereuse influence qu'elles exercent sur l'esprit de la jeunesse. On propose aux jeunes gens, comme modèles, des caractères impossibles aujourd'hui, des vertus qui sont plutôt des vices, des sentiments exagérés ou d'une métaphysique alambiquée. (p. 19-20)
Ces tableaux ne peuvent inspirer que des idées erronées sur nos devoirs et nos obligations morales, et faire naître chez les jeunes gens l'ambition de devenir des citoyens célèbres plutôt que des membres utiles de la société. (p.20)

S’il fallait résumer, le premier ouvrage, Un point curieux, est une étude rapide qui répond à une interrogation née de la lecture de l'Alcibiade fanciullo. Elle se conclut par le constat de l’existence de ces mœurs. Le second est une étude plus complète sur l’homosexualité en Grèce, qui développe le travail publié en 1861, et y ajoute des réflexions critiques sur la lecture de Platon dans le cursus des études classiques.

On peut s'interroger sur les raisons de l'auteur pour revenir sur son travail. La première, la plus évidente, est de revoir le texte pour le compléter des nouvelles informations qu'il a collectées depuis la première édition. Démarche classique d'un érudit dont la connaissance s'enrichit au fil de ses recherches et qui souhaite en faire bénéficier ses lecteurs. La deuxième raison est probablement à mettre directement en relation avec la condamnation de son édition de 1861. Malgré les précautions d'usage, les juges avaient bien vu que la somme d'informations et de références pouvait permettre à un lecteur d'y trouver une justification à ses propres « mœurs privées ». Dans cette nouvelle édition, cette somme s'est enrichie. Il y a d'autant plus de matière pour argumenter et justifier son homosexualité en s'appuyant sur le précédent des mœurs grecques. Octave Delepierre s'est probablement alarmé de cet usage possible de son livre et prémunis contre ce risque, ce qui expliquerait les conclusions de l'auteur. En définitive, quelle était sa position vis-à-vis de ce sujet ? Difficile à dire. D'un côté, il peut avoir voulu atténuer ce que son premier livre pouvait avoir de trop « complaisant ». D'un autre côté, pourquoi avoir remis sur le métier ce sujet, alors que les premières éditions n'avaient pas eu une diffusion importante, ce qui en atténuait le « danger ». On serait donc tenté de penser qu'au-delà du travail d'érudition, il y avait un engagement personnel de l'auteur à traiter ce sujet, même si rien de ce que l'on sait de sa vie ne permet d'en tirer la moindre conclusion. Il est vrai que les seules informations que l'on possède sur l'homme et sa vie privée proviennent d'une plaquette biographique publiée immédiatement après sa mort par son gendre Nicolas Trübner, Joseph Octave Delepierre. Born, 12 March, 1802 ; died, 18 August, 1879. In memoriam. For a few friends only.

Dans la revue Le Livre (1880), le critique a bien vu que, malgré la conclusion, cet ouvrage est une mine d’informations, contenant « trop de faits et d'indications funestes pour des esprits jeunes, faibles ou encore mal prémunis contre les lectures dangereuses ». On y retrouve toujours la même crainte qu'en parlant du sujet, on en favorise la diffusion. On n'est pas loin de l'accusation de « prosélytisme » dont sont régulièrement suspectés ceux qui écrivent sur l'homosexualité, même si le mot n'est pas prononcé.

Les deux textes d’Octave Delpierre ont été publiés, avec des notes, en annexes de : Richard Burton, Les Mille et Une Nuits, La Zone sotadique, traduit et annoté par Jean-Claude Bouyard, GayKitschCamp, 2018 :
        - Un point curieux… : p. 136-147.
        - Dissertation… : p. 148-159.

Ils sont aussi accessibles sur GoogelBooks.

Description de l'ouvrage

M. Audé [Octave Delepierre]
Dissertation sur les idées morales des Grecs et sur le danger de lire Platon, par M. Audé, bibliophile

Rouen, J. Lemonnyer, Libraire, 1879, in-12 (182 x 120 mm), [4]-20 p., vignette au titre, bandeaux, cul de lampe.

Tirage de 300 exemplaires, dont :
- 10 exemplaires sur papier de couleur : 1 à 10
- 50 exemplaires sur papier wathman : 11 à 60
- 240 exemplaires sur beau papier vélin teinté : 61 à 300

Il y a six exemplaires dans les bibliothèques publiques en France, dont un exemplaire dans le fonds Georges Hérelle de la médiathèque de Troyes et un exemplaire dans la réserve des livres rares de la BNF.



mardi 27 juin 2023

Jésus-la-Caille, illustré par G. Barret, 1946

Le roman de Francis Carco, Jésus-la-Caille, m'accompagne sur ce blog - et dans ma vie de bibliophile gay - depuis que j'en ai parlé pour la première fois il y a presque neuf ans. J'en avais alors proposé une lecture qui s'éloignait des éternels clichés sur le Paris interlope (Pigalle, prostitué.e.s, macs et Cie), pour mettre l'accent sur l'homosexualité et le sentiment amoureux entre hommes dans le roman (cliquez-ici).

Au fil de mes découvertes, j'enrichis ma bibliothèque avec les différentes et nombreuses éditions illustrées. La dernière en date est celle qui a été publiée Aux Éditions du Livre, à Monte-Carlo, en 1946. Elle contient neuf gravures en couleurs par Gaston Barret (1912-1991).

Il m'a fallu faire un montage à partir de trois planches pour obtenir l'image de Jésus-la-Caille que veut restituer G. Barret. En effet, bien qu'étant le personnage principal du roman, il est presque absent des illustrations. Il est vrai que l'époque n'était guère à la célébration ni de la masculinité équivoque qui était celle de Jésus-la-Caille, ni de la transgression des genres que l'on perçoit parfois dans le roman. En définitive, les choix de l'illustrateur - ou de l'éditeur - sont sages et conventionnels. Ils ne tendent qu'à refléter l'image convenue du monde des mauvais garçons de Montmartre. Cette image n'est pourtant pas fidèle au monde de Jésus-la-Caille d'avant la Première Guerre mondiale, à Pigalle. Elle n'est pas plus fidèle au Pigalle des années quarante.

Dommage. Cela veut dire qu'il y a encore une place pour une illustration du roman qui donne à Jésus-la-Caille toute l'importance qu'il a dans le roman, qui nous restitue son homosexualité, son amour pour Bambou, autrement dit, une illustration qui donne toute la dimension gay du roman comme l'a voulue Francis Carco. Je vous renvoie à ce que j'en disais en 2014 et 2019, en particulier à propos de la première édition et de la transformation subie avec la deuxième édition de 1920.

 




Description de l'ouvrage

Francis Carco
Jésus la Caille
Illustrations de G. Barret
Monte-Carlo, Aux Éditions du Livre, [1946], in-8° (192 x 140 mm), 277-[2] p., 9 gravures en couleurs, dont une en frontispice.

Tirage : 3 000 exemplaires sur grand vergé.


lundi 12 juin 2023

Beautés Masculines, un nouvel ouvrage de Nicole Canet

Nicole Canet poursuit son travail de mémorialiste de l'image masculine en publiant un très bel ouvrage, tant par le contenu que par la qualité des reproductions : 

Beautés Masculines
Portraits et Nus
Photographies 1848-1990

Cette parution est accompagnée par une exposition jusqu'au 29 juillet.

Lien vers l'ouvrage et sa présentation : Beautés masculines

J'aime beaucoup la photo de Jean-Daniel Cadinot qui illustre la couverture. Si, dans l'ouvrage, je devais n'en choisir qu'une, ce serait celle-ci :


 


mercredi 31 mai 2023

Adonis-Bar, de Maurice Duplay, 1928 et La Petite Chaumière

J'ai de nouveau le très grand plaisir de partager avec vous cette réédition d'Adonis-Bar, de Maurice Duplay, paru en 1928, dont j'ai pris en charge la présentation, les notes et, surtout, un dossier important sur La Petite Chaumière  (1921-1939), le premier cabaret de travestis à Paris. Situé à Montmartre, il a eu une telle renommée pendant quelques années que son nom est devenu synonyme d'homosexualité. J'ai rassemblé presque une trentaine de textes qui l'évoquent. Maurice Duplay s'en est très largement inspiré pour ce roman.


 

L'histoire romanesque et réelle de ce lieu mythique, La Petite Chaumière , sera disponible au stand GayKitschCamp :

  • Au 1er salon du livre Pride edition de Montpellier les 3 et 4 juin, Espace Akashik, 3ter rue des Pins (arrêt tram St Denis), de 10 à 17 h.
  • A la Paris Ass Book Fair, les 9 juin de 17h à 21h, 10 juin de 12h à 20h et 11 juin idem, au Palais de Tokyo, Paris (je serai présent sur le stand)
  • Et présenté à la librairie Les Mots à la Bouche, 37 rue Saint-Ambroise, Paris, le 23 juin à 19 h, par Patrick Cardon et Jean-Marc Barféty

Le livre peut être commandé sur : 

https://www.helloasso.com/associations/gaykitschcamp-cardon/boutiques/catalogue

Les "dames" de La Petite Chaumière vous attendent :