J'ai découvert l’existence d'un neveu d'Eugène Delacroix, dont le portrait vient d'être vendu à New-York cette semaine :
La notice de la Gazette de Drouot donne quelques informations (qui sont essentiellement extraites de la notice en anglais : cliquez-ici) :
Ce fier jeune homme se trouve être le neveu d'Eugène Delacroix, Charles de Verninac. Fils unique de sa sœur Henriette de Verninac, connue des esthètes pour son portrait peint par Jacques-Louis David, conservé au Louvre, il est son cadet de seulement cinq ans. L'artiste a donc représenté pour le jeune Charles un grand frère et mentor davantage qu'un oncle. Les deux parents nourrissaient une très grande affection mutuelle. Ici, Delacroix l'a immortalisé durant l'hiver 1825-1826 dans une propriété d'Augerville appartenant à son cousin. Après des études de droit complétées à Paris, Charles intègre le corps diplomatique en 1829 et part pour diverses missions à travers le globe, de Malte au Chili. Sur les mers qui le ramènent en France en 1834, il contracte la fièvre jaune ; son bateau est mis en quarantaine au port de New York, où il rend son dernier souffle le 22 mai de cette même année. La douleur fut immense pour Delacroix qui, depuis la mort de sa sœur Henriette sept ans plus tôt, n'avait plus d'autre parent proche. Jusqu'à son propre décès en 1863, le peintre conservera trois portraits de son cher neveu, dont l'un accroché au-dessus de son lit. La présente version accompagnait Charles de Verninac à bord de sa dernière demeure ; elle est vendue avec l'ensemble de ses effets personnels pour payer son enterrement sur le port de New York, et n'a jamais, depuis lors, quitté les États-Unis. Aussi est-elle considérée comme la toute première peinture de Delacroix présente sur le sol américain.
Comme moi, vous avez lu : "le peintre conservera trois portraits de son cher neveu, dont l'un accroché au-dessus de son lit".
Il existe un mystère sur la sexualité de Delacroix. De cette mention et du plaisir qu'il semble avoir pris à photographier de belles plastiques masculines, je n'irais pas jusqu'à conclure sur une éventuelle homosexualité de Delacroix, comme le fait Michel Larivière en l'incluant dans son dictionnaire des homosexuels célèbres.
Dans son Journal (5 octobre 1855), Delacroix dit : « Je regarde avec passion et sans fatigue ces photographies d’après des
hommes nus, ce poème admirable, ce corps humain sur lequel j’apprends à
lire et dont la vue m’en dit plus que les inventions des écrivassiers. » J'avais consacré un message (cliquez-ici) à cette fascination de Dalacroix pour le corps masculin, à travers une série de photographies, dont j'extrais celle-ci :
Ce lien très fort entre Delacroix et son neveu me rappelle celui de Beethoven pour son neveu Karl, qui a fait l'objet d'un ouvrage que j'ai autrefois lu : Beethoven et sa famille, par Editha et Richard Sterba. Là-aussi, n'en tirons pas de conclusions. Soyons sensibles à cet attachement profond de Delacroix et Beethoven pour ces garçons dont ils se sentaient en même temps proches et responsables.
5 commentaires:
Petite coquille : « Ce lien très fort entre Delacroix et son neveu me rappelle "celle" de Beethoven… » Celui.
Merci. Je corrige.
bonjour,
merci pour cet article... délicat.
je travaille sur un ancêtre "élève de Delacroix".
Dans des circonstances confirmées (correspondances de Delacroix), Mon ancêtre a sans doute peint en 1846, sur demande d'Eugene Delacroix, une copie d'un portrait de charles de Verninac (celui peint par le maitre en 1820 différent de celui de votre article). Delacroix a signé la copie. Le contexte de cette anecdote est troublant et pourrait mettre de l'eau dans votre thèse....
je possède par ailleurs quelques nus masculins académiques assez sensibles et directement inspirés des photos commandées par Delacroix a Durieu.
le cas échéant nous pourrions échanger sur ce sujet... ,
Merci pour votre message. Je suis intéressé par les informations que vous me donnez.
Pour poursuivre l'échange, vous pouvez m'écrire à cette adresse : bibliotheque.gay@gmail.com
Ce sera avec plaisir.
Jean-Marc
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