J'ai déjà eu l'occasion de parler sur ce blog du baron Jacques d'Adelswärd-Fersen, célèbre personnalité du Paris Gay du début du XXe siècle. Il est malheureusement surtout connu pour le scandale des "Messes noires" qui mettaient en scène des adolescents en éphèbes grecs dans son appartement de l'avenu de Friedland. Jean Lorrain prit sa défense vigoureusement dans Pelléastres (cliquez-ici). Ce parfum de scandale ne doit nous faire oublier qu'il est l'auteur d'ouvrages au charme suranné, dont le Baiser de Narcisse, qui a fait l'objet d'un message très développé sur ce blog (cliquez-ici). Mais, encore plus courageux pour l'époque, il est le fondateur de la première revue homosexuelle en France : Akademos. Mais ce n'est pas pour cela que j'évoque encore aujourd'hui cette personnalité oubliée, sauf d'un petit cénacle d'amateurs. Après le scandale de l'avenue de Friedland, il s'exila à Capri, dans la luxueuse ville Lysis. En 1904, il rencontra le jeune Nino Cesarini, qui partagea sa vie jusqu'à sa mort. Cette très belle photo de Wilhelm von Plüschow est parfois considérée comme un portrait de Nino Cesarini.
De nombreuses autres photos sont aussi considérées comme des portraits de Nino Cesarini.
Pour débrouiller le mystère des images de Nino Cesarini, Jacques Desse a entrepris un travail d’érudition, basé sur des comparaison de nombreux documents et photos afin de trier le vrai du faux. Vous pouvez y accéder à cette adresse : http://issuu.com/gloeden-pluschow-galdi/docs/ninocesarini
Remarquable travail qui non seulement tente de clarifier un problème compliqué, mais est aussi l'occasion de nous faire pénétrer dans le monde de ces amateurs de beaux garçons de cette Italie du début du XXe siècle (Von Gloeden, Von Plüschow, Galdi, Fersen, etc.)
Je signale aussi que le catalogage des photographies de Gloeden, classées par numéros de négatif, est en cours de réalisation. Ce travail considérable a été engagé par Giovanni Dall'Orto sur Wiki Commons avec la participation de plusieurs chercheurs ou amateurs (Catalogue Von Gloeden). A terme, il permettra de disposer d'un véritable catalogue raisonné de l’œuvre de Gloeden
Pour finir, ces deux images. Le portrait de Nino Cesarini par Paul Höcker :
Le portrait de Fersen :
3 commentaires:
travail d'érudition... au service de la beauté!
La lecture de votre article a réveillé le souvenir d'un ouvrage lu deux décennies plus tôt. C'est une biographie de Frederick Rolfe, alias baron Corvo né à Londres en 1860 et mort à Venise en 1913. Sa vie semble être un théâtre d'ombres (et d'hombres); Il a écrit un Tarcissus, des contes publiés dans la très fin-de- siècle revue The Yellow Book parmi d'autres écrits et ses quelques vers célébrant la beauté d'un Christ qui n’est pas que Verbe:
"Glorious eyes, and sad young Face,
But the look of a King was there;
Oh the boy was wondrous fair:
Fairer than the sons of men;
Would you know Him, look again.
See the nimbus cruciform
Round his Head, in the sunlight warm;
This the boy most fair to see,
Altogether lovely He."
Le connaissez-vous ?
Merci pour ce commentaire.
Je ne connais le baron Corvo que de nom, mais je n'ai pas eu l'occasion de m'intéresser à lui. Puis, ma maîtrise de l'anglais n'est pas suffisante pour percevoir toute la beauté du poème que vous citez.
Je vais faire quelques recherches.
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