Au fil du temps, j'ai enrichi ma bibliothèque de cette riche production des années 1920-1930 qui a vu surgir pour la première fois, me semble-t-il, une abondante littérature, variée dans son style et son objet, qui parle d'homosexualité. C'est simplement un florilège que je présente ici, qui ne se prétend ni exhaustif, ni même ordonné. C'est en voyant ces livres sur les rayons de ma bibliothèque que je me suis dit qu'il fallait rendre hommage à ces hommes qui ont bravé les interdits ou, plus simplement les préjugés. J'avais déjà parlé de certains d'entre eux. Je renvoie à ce que j'en ai dit. Pour d'autres, il me reste à vous les présenter.
Un roman, le dernier entré dans ma bibliothèque : Au Poiss d'Or, hôtel meublé, d'Alec Scouffi, 1929, dont la belle couverture permet en soi de dater l'ouvrage :
L'auteur, Alec Scouffi a été assassiné en 1932, probablement par un de ses amants de passage. Je renvoie à cet article, très caractéristique de la manière de traiter les meurtres d'homosexuels : cliquez-ici.
La série des Frédi, par Max des Vignons, 1929-1930 :
Un petit ouvrage très attachant, mal connu, qui est un véritable plaidoyer en faveur de l'amour des hommes : Platoniquement, par Axiéros (Pierre Guyolot-Dubasty), 1924 :
J'en reparlerai. Il ne faut pas entendre "platoniquement" dans le sens qu'on lui donne aujourd'hui, mais comme une référence aux mœurs de Platon. Ce n'est pas non plus une nostalgie de l'amour grec. Si je n'avais pas peur de faire un anachronisme, je le sous-titrerais "Gayement".
C'est un livre qui s'avère aussi courageux que le célèbre Corydon (première édition publique en 1924) (cliquez-ici) :
Il y a le très connu Le 3e sexe, de Willy (Henry Gauthier-Villars), peut-être un sympathisant (cliquez-ici) :
Un ouvrage hors norme, d'une personnalité totalement oubliée (son antisémitisme viscéral et ses divagations idéologiques n'y sont pas étrangers)
La réédition d'un grand classique :
Alcibiade enfant à l'école, signé D.P.A, 1936
Histoire de l'amour grec dans l'antiquité, par M.-H.-E. Meier, augmentée d'un choix de documents originaux et de plusieurs dissertations complémentaires par L.-R. de Pogey-Castries, 1930 (cliquez-ici). Quand l'érudition est au service de la cause.
Contes d'Amour des Samouraïs. XIIe siècle japonais, Saïkakou Ebara, 1927
Mes communions, Georges Eekhoud, 1925, une édition magistralement illustrée (cliquez-ici) :
Un protestant, Georges Portal, 1936 (je renvoie au message d'un blog ami : cliquez-ici)
Billy. Idylles d'amour grec en Angleterre, Jean d'Essac, 1938, un petit roman sympathique et bienveillant (on a aussi besoin de cela) (cliquez-ici) :
Les Procès de Sodomie aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, Dr Ludovico Hernandez [Louis Perceau et Fernand Fleuret], 1920 (cliquez-ici) :
Chez les mauvais garçons, Michel du Coglay, 1937, qu'il me reste à décrire. Un ouvrage pas spécifiquement sur les homosexuels, mais où ils sont très présents (un chapitre entier leur est consacré).
Les éphèbes, Guy Lévis Mano, 1924 (cliquez-ici) :
25 dessins d'un dormeur, Jean Cocteau, 1929, éloge dessiné, homoérotique, d'un garçon aimé (cliquez-ici) :
L'ersatz d'amour, Willy et Ménalkas, 1923, où l'on retrouve Willy, dans un roman qui mérite d'être découvert.
Le supplice d'une queue, [François-Paul Alibert], 1930, le seule ouvrage clairement érotique de cette liste (cliquez-ici) :
Jésus la Caille, Francis Carco, édition illustrée par Dignimont, 1929 (cliquez-ici) :
C'est volontairement que j'ai mis sur le même plan des romans un peu accrocheurs et des ouvrages fondamentaux comme le Corydon d'André Gide et cela parce que je pense que chacun contribue, à sa manière, à la cause homosexuelle.
7 commentaires:
Vous avez une belle collection, décidément !
À propos de Camille Spiess, il n’est pas exact de dire qu’il serait oublié, il est plus juste de dire qu’il est méconnu. Un exemple : une page Wikipédia lui est consacrée, et cette page commence par une erreur : Camille Spiess n’a jamais été médecin, il était zoologue.
Par ailleurs, certains ouvrages le prennent au sérieux (comme L’histoire de l’homosexualité en Europe de Florence Tamagne qui discute de son apport), alors que toute l’œuvre de Spiess démontre qu’il était un fou littéraire. Plusieurs spécialistes, dont le professeur Déjérine, (chez qui son frère William Spiess avait commencé des études de médecine, avant de se suicider) ont livré sur son cas une expertise psychiatrique à la demande de sa mère. Un de leur frère était interné.
Jacques d’Adelswärd-Fersen qui a fréquenté Camille Spiess dans sa jeunesse le décrit sous le nom assez transparent de Cyrille Miess dans Et le feu s’éteignit sur la mer (consultable via Gallica p. 35 et suivantes).
Merci pour ces précisions. J'ai acheté ce livre de Camille Spiess il y plus de 15 ans et je n'ai jamais pris le temps d'étudier et l'homme et l’œuvre. Je me suis donc fié à ce que j'en lisais à droite à gauche. Ce que vous m'en dites me donne envie d'aller plus loin.
Joli florilège, utile et instructif (comme toujours). J'irai y picorer. Par contre, malgré son indéniable caractère "historique", j'avoue m'être profondément ennuyé à la lecture (étant tout jeune homme) de Corydon... Ce fut accentué par le fait d'avoir lu juste avant "Les faux monnayeurs", livre qui, lui, m'avait marqué.
Enfin, le style de l'article de Paris Soir m'a impressionné ! par rapport à la pauvreté de celui de la presse d'aujourd'hui...
Merci pour votre message. D'accord avec vous à propos du Corydon. C'est effectivement terriblement daté et, de fait, assez ennuyeux. Mais cela reste un jalon important de la visibilité homosexuelle.
Si vous ne connaissez pas Platoniquement, c'est un livre qui mérite d'être découvert. Contemporain du Corydon, il est certes moins ambitieux, mais il y a comme une air d'authenticité et de sérénité qui fait du bien, même pour un livre d'il y a plus de 90 ans. La personnalité de l'auteur, Pierre Guylot-Dubasty, mérite d'être connue.
So cute
bonne continuation!
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