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dimanche 3 décembre 2023

Der Mann in der Photographie. I, Le Cercle, 1954

En 1952, la revue homosexuelle suisse Der Kreis (Le Cercle) fête ses vingt ans d'existence. Publiée à Zürich depuis 1932, elle est devenue plus spécifiquement consacrée à l'homosexualité masculine depuis 1942, lorsque l'acteur Karl Meier, sous le pseudonyme de Rolf, en devient le rédacteur en chef. A l'occasion de cet anniversaire, la revue publie à destination exclusive de ses lecteurs, une sélection de 100 photos sous forme d'un ouvrage, sous le titre allemand de Der Mann in der Photographie.

Un texte en 4 langues (allemand, français, italien et anglais), en avant-propos, présente l'ouvrage :

Au terme de la vingtième année de parution de notre périodique « Le Cercle », nous vous offrons une collection des plus belles photos publiées durant ces dix dernières années. Ce recueil ne doit pas être considéré comme une publication indépendante mais, au contraire, comme la réunion en une sorte de bouquet d'anniversaire des clichés particulièrement artistiques présentés par notre revue.[...]
Ce livre ne sera pas vendu en librairie et doit demeurer une publication privée et réservée à nos amis du monde entier. Nous devons aussi insister sur le fait qu'il ne faut pas considérer les modèles comme appartenant à notre sphère. Ils ont été choisis uniquement pour illustrer la grâce de l'adolescence et la beauté masculines. Nous croyons que, dans leur diversité, ces images apportent leur contribution à l'Hymne au corps masculin qui, depuis l'Antiquité jusqu'à nos temps modernes ne cesse d’être chanté par les poètes.

La jaquette de couverture est illustrée par une photo de Roberto Rolf, qui est le pseudonyme de George Platt Lynes (1907-1955). C'est le photographe le plus représenté dans cette sélection, avec vingt-et-une photos sur cent. Il est suivi par Tan Hin Kong, d'Amsterdam, avec sept photos et la Western Photography Guild, de Denver, avec quatre photos.

Pour ma part, j'ai choisi douze photos parmi les cent, qui sont celles qui m'ont le plus touché. J'y ai ajouté la n° 25, peut-être moins belle, mais qui montre une certaine diversité dans les styles et les situations des photos publiées dans la revue. On constatera qu'à côté de quelques noms encore célèbres, Der Kreis n'hésitait pas à ouvrir ses pages à des amateurs talentueux.

10 : Roberto Rolf (George Platt Lynes), New York

11 : Roberto Rolf (George Platt Lynes), New York

22 : Prof. Rudolf Koppitz, Allemagne

24 : Tan Hin Kong, Amsterdam

25 : Jos. Nemeth, Budapest

33 :  photographe amateur, Suisse

53 : Schweiz, Pressephoto

65 : photographe inconnu américain

67 : photographe amateur, Allemagne

79 : Roberto Rolf (George Platt Lynes), New York  

96 : Albert, Johannesburg

99 : M. Bourke-White, USA  

Il existe un excellent film sur Le Cercle (Der Kreis) sorti en 2014, qui porte le même nom. Il raconte le destin de deux jeunes homosexuels, à Zürich en 1958, l'un étant professeur et l'autre coiffeur, et surtout chanteur travesti (drag-queen, en français), dans un cabaret zurichois. Ils appartiennent tous deux au Cercle et le film permet de faire quelques portraits d'homosexuels de ces années-là, dont celui de Rolf, pseudonyme de l'acteur Karl Meier, l'animateur de cette association et de sa revue. L'originalité de ce film est d'être à mi-chemin entre le documentaire et la fiction. La trame de l'histoire est celle de ces deux hommes, Ernst Ostertag et Röbi Rapp, qui interviennent aussi dans des séquences actuelles de témoignage. Ces allers-retours entre le passé reconstitué et le présent des entretiens est très intelligemment fait. Il permet de mesurer le chemin parcouru et aussi la permanence des engagements de ces deux hommes depuis l'époque de leur jeunesse jusqu'à nos jours, engagement pour la lutte homosexuelle et engagement mutuel dans une histoire d'amour de plus de soixante ans. Dans une séquence, Röbi Rapp, âgé de plus de quatre-vingts ans, reprend, en travesti, la chanson qu'il interprétait dans les années cinquante et qui est aussi interprétées par Sven Schelker, le jeune acteur qui le joue. Une telle confrontation aurait pu être artificielle, maladroite, voire gênante. Il n'en est rien, au contraire. C'est un beau pont lancé à travers le temps. Ce film permet de mesurer le poids de la répression alors subie par les homosexuels, même lorsqu'aucune loi ne réprimait ni ne punissait l'homosexualité. La simple pression policière faite de descentes de police, d'interrogatoires, de contrôles d'identité suffisait à créer une atmosphère d'insécurité et, pour les plus fragiles, de terreur qui, dans un cas, conduit jusqu'à la mort. Il montre bien la dissimulation et la double-vie que devaient mener ces hommes, avec toutes les nuances depuis Röbi Rapp qui est presque officiellement admis comme homosexuel, y compris par sa mère (jouée par une revenante, Marianne Sägebrecht), jusqu'au proviseur qui mène clandestinement une vie de drague dans les pissotières alors qu'il a une femme et des enfants et une stature sociale. Ernst Ostertag est dans une position intermédiaire. Il se dissimule, ce qui est lui indispensable pour obtenir sa titularisation de professeur et vit dans le non-dit avec ses parents et sa sœur, mais, par ailleurs, il s'assume comme homosexuel aussi bien par sa participation à l'association Le Cercle que dans ses amitiés et ses amours. Il ne s'invente pas une vie honorable.

Röbi Rapp et Ernst Ostertag

Pour faire un lien avec ce message, au début du film, lorsque Ernst Ostertag se rend pour la première fois dans les locaux du Cercle, Rolf lui montre la bibliothèque et lui présente un des livres de photographies de cette série qu'Ernst feuillette. On y distingue rapidement quelques-unes des photos en noir et blanc qui illustrent le volume, en tout point similaires par le style à celles de ce premier volume.

Description de l'ouvrage


Der Mann in der Photographie. I
100 photos 1941-1952
Zürich, Lesezirkel « Der Kreis », 1954, in-8° (225 x 155 mm), [8] p. - 100 planches photographiques en noir et blanc - [4] p.
Couverture entoilée verte de l’éditeur sous jaquette illustrée.


Une citation de Novalis introduit l'ouvrage :
Es gibt nur einen Tempel in der Welt
und das ist der menschliche Körper.
Nichts ist heiliger als diese hohe Gestalt.
Man berührt den Himmel, wenn man
einen Menschenleib berührt.

« Il n’y a qu’un seul temple au monde et c’est le corps humain. Rien n’est plus sacré que cette forme sublime. […] C’est le ciel que l’on touche lorsque l’on touche le corps humain. »
Cette première publication a été suivie de trois autres volumes :
- Der Mann in der Photographie, II, 1942-1954, 1954.
- Der Mann in der Photographie, III, 1955-1958, 1958.
- Der Mann in der Photographie, IV, 1959-1961, 1962.
De ce que j'ai pu voir des exemplaires en vente sur Internet, ils sont tous sur le même modèle, certains étant sous couverture souple comme l'exemplaire qui est montré dans le film (qui n'a pas sa jaquette). 

Si vous souhaitez consulter un de ses livres, il faudra franchir les frontières pour aller à Dresde qui semble être la seule bibliothèque au monde qui possède les quatre (selon Worldcat). Quelques autres bibliothèques en détiennent des exemplaires, mais aucune en France…

mardi 21 novembre 2023

Une gravure d'Elie Grekoff

Cette gravure vient de rejoindre ma collection : 


Il s'agit d'un tirage numéroté (83/100), non signé. Le style évoque immédiatement Elie Grekoff qui a illustré, entre autres, le Tirésias de Marcel Jouhandeau. Je vous laisse juge en la comparant à la vignette qui sert, en quelque sorte, de logo à ce site, sur la droite, ou aux autres gravures du même livre que vous pouvez voir ici : Tirésias. La forme du visage, le traitement de la chevelure et de la musculature et, surtout, les aréoles des tétons en forme d'étoile sont presque des signatures. Allant plus loin, on pourrait imaginer qu'il s'agit d'un dessin non retenu pour l'ouvrage, peut-être parce que, à la différence des autres, on y voit un sexe en érection.

Après avois posé cette première hypothèse, j'ai poursuivi mes recherches. En définitive, il s'agirait peut-être d'un dessin prévu pour ce recueil, aussi illustré par Elie Grekoff : Erotopægnia. Choix de poëmes latins suivis d'une nouvelle traduction française, publié vers 1956, dont les gravures, comme celle-ci, sont encore plus proches par le style :




vendredi 31 janvier 2020

Portraits

Louis Dupré, Voyage à Athènes et à Constantinople, ou collection de portraits, vues et costumes grecs et ottomans, 1825

mercredi 18 septembre 2019

Narcisse, René Bolliger, 1951

C'est sous le titre de Narcisse que René Bolliger a rassemblé ces 15 variations sur le corps d'un jeune homme. Ces gouaches sur fond noir sont présentées comme une illustration du poème Narcisse de Paul Valéry.
















René Bolliger semble avoir été coutumier de présenter ses dessins comme les œuvres originales d'une édition. C'est la mention que l'on trouve sur la page de titre du recueil :


Malgré toutes mes recherches, je n'ai pas trouvé cette édition du poème de Paul Valéry à la "Guilde du Livre" de Lausanne, probablement parce qu'elle n'a jamais existé. Était-ce une coquetterie de la part de René Bolliger ? Une caution culturelle en ces années 1950 où la pruderie ambiante pouvait faire mettre ces dessins à l'index ? Un peu de mythomanie ? Sauf erreur de ma part, René Bolliger n'a jamais fait l'objet d'une étude biographique qui permettrait de mieux connaître l'homme derrière le dessinateur. Aujourd’hui, seule sa production, très abondante semble-t-il, parle pour lui.


mardi 3 septembre 2019

Alfons Mucha

Alfons Mucha (1860-1939) est surtout connu comme un des plus grands affichistes de la Belle Époque. J'ai personnellement toujours été très sensible à son style.

En furetant sur le site de la Fondation Mucha (www.muchafoundation.org), je suis tombé sur cette belle et vigoureuse anatomie d'homme, qui n'est pas datée. Le commentaire qui l'accompagne l'attribue à l'époque où il suivait les cours de l'Académie de Munich, soit dans les années 1885-1887.



Tant par le sujet que par le style, elle rompt avec l'image traditionnelle de Mucha, que cette belle affiche illustre à merveille :



J'ai toujours été frappé, et je ne sais si ce fait a déjà été relevé, que Mucha n'hésitait pas à donner un air un peu androgyne à ses représentations féminines. C'est ce que je perçois dans cette affiche. C'est évidemment plus clairement assumé dans cette affiche de Lorenzaccio, avec Sarah Bernhardt dans le rôle-titre. Là, ce n'est pas tant la représentation que le modèle qui se joue des codes du masculin/féminin.

lundi 8 octobre 2018

Un dessin d'Umberto Brunelleschi

Il s'est vendu récemment une édition de Phili, ou par-delà le bien et le mal, du célèbre et oublié Abel Hermant, dans une édition de 1921 illustrée par Umberto Brunelleschi.

L'exemplaire est complété d'une gouache originale :


Je n'ai fait de recherches ni sur Umberto Brunelleschi (on lit partout la même chose, c'est-à-dire le contenu de la notice Wikipédia), ni sur ce roman d'Abel Hermant. Est-il justifié de représenter ce Phili dans une pose aussi efféminée ? Je ne sais. Cette gouache m'a amusé. Je sais que, pour certains, une telle représentation d'un homosexuel est homophobe. J'assume.

jeudi 7 juin 2018

Dessins de Roland Caillaux



J'ai trouvé récemment une série de petites photos qui reproduisent les illustrations de Vingt lithographies pour un livre que j'ai lu, paru en 1945 avec des dessins de Roland Caillaux et des textes de Jean Genet.


J'imagine que ce tirage permettait de disposer de ces dessins très érotiques sous un format plus maniable et plus accessible, en cas de nécessité...

On y retrouve les grandes gravures que j'ai reproduites dans le message que je lui ai consacré : cliquez-ici. En supplément, on y trouve la photo d'un très beau dessin, absent du recueil. C'est cette image de deux garçons que j'ai placée en tête de ce message.

mardi 8 mai 2018

Académies d'hommes, de Charles Léandre (1862-1934)

Une belle série d'académies d'hommes, par l'illustrateur Charles Léandre, plus connu pour ses caricatures. Je termine ce billet par un autoportrait de l'artiste. On remarquera les poses parfois fort peu naturelles que l'on faisait prendre à ces modèles. J'imagine que c'est dans un but pédagogique pour que les élèves de Beaux-Art se familiarisent avec toutes les possibilités qu'offre le corps humain et, dans ce cas bien précis, le corps masculin.