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dimanche 16 novembre 2014

Tirésias, Marcel Jouhandeau, 1954 (III)

C'est la troisième fois que je parle du Tirésias de Marcel Jouhandeau. Pour tout savoir sur cet ouvrage, fondamental me semble-t-il, je vous renvoie au premier message (cliquez-ici). Aujourd'hui, je veux vous présenter un nouvel exemplaire, qui contient deux dessins originaux d'Elie Grekoff, qui ont servi pour l'illustration du livre. Comme pour un autre exemplaire contenant un dessin original (cliquez-ici), l'illustrateur a utilisé un calque, probablement parce qu'il était ensuite plus facile de le transférer en gravure.

L'intérêt d'un de ces 2 dessins est qu'il est totalement original. Il n'a été repris ni dans l'ouvrage lui-même, ni parmi les 5 gravures non retenues que l'on trouve en complément de certains exemplaires.


L'autre dessin est, plus classiquement, le modèle de l'une des 15 gravures de l'ouvrage :


La gravure qui en est résulté:

L'autre intérêt de cet exemplaire est sa très belle reliure, signée Pierre-Lucien Martin :


Cet exemplaire a été acheté par R. Moureau à Roland Saucier, qui le céda ensuite à Raoul Simonson (1896-1965), éminente figure de la librairie belge du XXe siècle. C'est lui qu'il l'a fait relier en 1955 par Pierre-Lucien Martin. Son ex-libris se trouve dans l'ouvrage.


Pour finir, pour mieux connaître Roland Saucier, cette photographie où l'on voit Jean-Jacques Pauvert, récemment décédé, Roland Saucier et Jean Genet sur la Croisette à Cannes, en avril 1947.


Roland Saucier (1899-1994), directeur de la Librairie Gallimard du boulevard Raspail de septembre 1921 à mars 1964, fut en relation avec la plupart des grands écrivains français de l'entre-deux guerres. Il joua ainsi le rôle d'éminence grise du monde littéraire parisien, pivot central entre de nombreux écrivains, artistes et éditeurs. L'histoire littéraire retient que c'est par son intermédiaire que Genet rencontra Jacques Guérin. Grand bibliophile, ses fonctions à la Librairie Gallimard le mettait à la source des tirages de tête de tous les grands textes de la littérature française, et ses relations avec les écrivains lui donnaient l'occasion de se fournir en manuscrits ou de faire dédicacer ses exemplaires. (notice Sotheby's)

dimanche 11 septembre 2011

Interlude III



Possession à distance

Aujourd'hui, sur la pente d'un renoncement total (et ce n'est pas faute de désir ni à la suite d'une déception), jamais sans doute je n'ai été plus sensible à la beauté de l'Homme, à sa souveraineté. La seule vue de certains de mes semblables qui ne sont que mon prochain suffit à me jeter dans une sorte d'extase.
Je n'oublie rien, quand je me représente leurs charmes. L'évocation de leur physionomie, de leur nudité ne me laisse rien, presque rien à souhaiter davantage que de les voir eux-mêmes. J'assiste comme à un film que mon imagination développe au ralenti. Rien même de ce qui est le plus caché, le plus secret ne m'échappe, tant mon appétit se suffit à lui-même. Ce que je contemple allusivement, illusoirement me fascine au point que je suis presque entièrement satisfait, l'indiscrétion, le viol ajoutant je ne sais quoi à mes prises. Il s'agit là d'une sorte de possession factice à distance, peut-être préférable au réel. On perd si souvent ce que l'on croit tenir. Les êtres dont on s'empare ainsi ne peuvent rien me refuser de ce que je prends à volonté d'eux-mêmes, sans permission, comme à la volée. Le prélèvement est gratuit et sans réticence.
Parfois, l'idée que je me fais de la Beauté de l'Homme est préférable à la Beauté même, dans la mesure où j'en suis plus personnellement l'auteur. Tout ce qui pourrait m'être donné par surcroît ne serait peut-être qu'une mauvaise copie.

Marcel Jouhandeau, Bréviaire, 1980 (p.27)

Merci encore à Another Country pour ses photos inspirantes. J'avais relevé ce texte de Jouhandeau il y a déjà quelques mois et j'attendais la photo qui serait le plus en résonance avec ce texte.

vendredi 22 juillet 2011

Interlude I

Si j'ai quelques lecteurs fidèles, ils auront remarqué que, depuis quelques temps, je prépare des billets longs et documentés, qui me demandent du temps. Ils se font donc rares. Je vais continuer à présenter des ouvrages majeurs (ou moins) de la culture homosexuelle, mais j'ai aussi le désir de publier des billets courts, toujours en rapport avec notre culture Gay. En parcourant les blogs gays ces derniers jours, une belle photo m'a immédiatement rappelé une lecture récente. J'ai décidé d'en faire un message, que j'appelle "Interlude", terme aujourd'hui vieilli mais qui rappellera inévitablement l'image d'un petit train pour ceux qui ont connu la feue ORTF.

Lisant encore Jouhandeau, j'ai découvert ce petit texte (Bréviaire, 1980, p. 30)

L'image essentielle
Une image - c'est un soupçon de ma part - a dû être déposée en moi dès le commencement du monde, au moins dès le commencement de moi-même, dès ma conception dans le sein de ma mère, une image abstraite et éclatante, qui est à l'origine de mon plus personnel Désir. C'est elle qui détermine et dirige tous les mouvements de mon âme.
C'est une image de l'Homme éternel. Un jour ou l'autre, elle s'incarne dans un être qui devient l'objet unique de ma hantise et de mes convoitises - obsession vivante -, hallucinante. Voilà le vrai ressort de la Passion.

Pour moi, cette image pourrait bien être celle-ci :


Merci à Another Country pour ses photos. Je me suis permis de lui emprunter celle-ci.

samedi 2 juillet 2011

Chronique d'une passion, Marcel Jouhandeau, 1944

A partir de la fin des années 1930, Marcel Jouhandeau (1888-1979) dévoile de plus en plus ouvertement son homosexualité dans ses livres. Dans ses premières œuvres, l’évocation de son amour des garçons et du conflit moral associé est extrêmement allusive. Il faut attendre De l'Abjection, paru anonymement en 1938, pour qu'il aborde clairement le sujet, dans une réflexion essentiellement morale. Alors même qu'il fait le service de presse de cet ouvrage, il rencontre en avril 1939 (certains disent en 1938) Jacques Stettiner dont il tombe passionnément amoureux. Ce jeune peintre né en 1904, fils d'un antiquaire parisien, s'introduit de plus en plus dans la vie du couple Jouhandeau jusqu'à provoquer la haine d'Elise, la femme de Marcel Jouhandeau. Le 12 juillet 1939, prise d'une rage subite, elle court à l'appartement de Jacques Stettiner pour l’assassiner à coups de couteaux.



Marcel Jouhandeau tient une chronique de cet amour, selon un forme qui lui sera de plus en plus familière, c'est à dire comme un journal au jour le jour de ce qu'il vit et des réflexions morales que cela lui inspire (je pense aux futurs Journaliers). L'histoire de cette passion paraît en 1944, sous le titre Chronique d'une passion, dans un tirage confidentiel de seulement 100 exemplaires, mais où le nom de l'auteur apparaît explicitement. C'est une nouvelle phase dans le dévoilement car la lecture de l'ouvrage ne laisse plus aucune ambiguïté sur la nature de l'amour qu'il porte à Jacques St., comme il l'appelle. Seule la confidentialité du tirage pouvait encore protéger ce "secret" auprès du grand public, mais plus auprès de ses proches et surtout du milieu littéraire dans lequel il évoluait. D'ailleurs, le financement de cette édition a été prise en charge par Florence Gould, riche mécène et une des grandes égéries de la vie littéraire de cette époque. Ils s'étaient rencontrés au début des années 40.

C'est un des 100 exemplaires de ce tirage confidentiel, récemment entré dans ma bibliothèque personnelle, qui est l'occasion d'évoquer ce beau texte, très jouhandélien par son écriture et sa thématique.

Comme je l'ai fait pour d'autres ouvrages, je vais vous le faire découvrir par quelques extraits (les numéros de pages correspondent à l'édition de la collection Imaginaire-Gallimard).

Sur l'amour et la passion :

L'amour est la forme que prend naturellement ma vocation particulière à la contemplation; il est comme un tunnel où je chemine à côté de quelqu'un d'invisible dans les ténèbres et de temps en temps s'ouvrent des cavernes où l'on se retire et se repose ensemble, infernales ? célestes ? A la lueur pâle qu'une fissure de la muraille laisse filtrer, ô la grâce de ce filet de lumière ! j'aperçois, je reconnais mon compagnon. (28)

J'habite cependant mon sentiment, profond comme une grotte sacrée, qui avec moi se déplace. Où que je sois, comme une "aura" noir et or, mon amour pour Lui m'isole. (46)

Rencontré à une heure, où je me sentais particulièrement seul et déprimé, il est arrivé à moi par des chemins pathétiques, je veux dire par des voies si obscures, si lointaines, si mystérieuses, que je ne pouvais pas ne pas être ému à son approche. (59)

Une extrême liberté intérieure, comme un chant que rien ne couvre. Longtemps, dans l'amour la sensualité n'est qu'un mode d'expression, une forme désespérée de la tendresse, un langage, celui balbutiant de l'adoration; la caresse et le baiser des signes que la force de l'émotion cache, dérobe au plaisir. Quand on aime tellement on oublie de prendre sa part, on n'en a que faire. On n'éprouve de joie qu'à croire en donner et l'admiration, la reconnaissance qui saluent votre effort vous récompensent, mais de toute façon la volupté a été tournée, jouée, frustrée, lésée, dépassée. Bien se tenir, ne pas devenir fou devant la douceur de nous couler l'un dans l'autre lentement et de n'être plus qu'un. (70)

De ces fêtes splendides que j'ai données autour de l'été de ce garçon, j'emporte malgré moi sur mes bras et dans mon regard une moisson d'incroyables fleurs, des épis et dans ma voix une sorte de panique, de tremblements qui m'empêchera longtemps de ne pas être écouté avec étonnement par ceux qui n'ont pas connu mon trouble, qui n'ont jamais partagé ces extases, ni entendu ces concerts, ni constatés sur leurs membres des marques aussi patentes d'un rayon de "la joie divine" usurpé, surpris. (76)

La passion introduit un tel trouble dans la conscience, qu'on a de sa personne, et une telle confusion dans la nature des rapports, que l'on entretient avec un autre, qu'il n'y a plus à proprement dire de "soi-même" pour l'un et ni pour l'autre qu'entre eux, que "soi-même" pour lui et pour moi, ce n'est plus ni lui ni moi seulement, mais nous, comme si nous étions enchaînés l'un à l'autre par un réseau inextricable de ramifications invisibles et que nos entrailles fussent communes. (87)

Sur la fascination pour l'être aimé :

J'aime les taches de soleil autour de ses jambes sur la place Saint-Germain et que son corps soit un peu courbé, l'amertume des coins de sa lèvre et qu'il ait dans les veines du "sang juif", parce que rien ne pouvait le rendre plus impossible de l'aimer quand même et rien n'y a fait. Je n'aime que tout ce qui fait qu'il n'est pas un autre, que tout ce qui le marque et l'insère, le cerne et le limite et le restreint et le retire et le retient dans sa personne. Je n'aime que ce qui lui reste de jeunesse ni plus ni moins, ce que les limites de son corps et son âme enferment d'espace, de temps, d'éternité : là est la juste mesure de mon domaine en ce monde et dans l'Autre. O mystère de l'élection ! Je ne connais plus pour les membres et le visage de la Beauté que ses membres, quels qu'ils soient, et son visage : soleil de ma Nuit. Le sublime a revêtu pour moi sa forme solitaire, assise, debout, étendue à l'ombre d'une Forêt impénétrable, par-delà des déserts sans fin où j'ai seul accès. [...] C'est la société d'un être vivant qui me soit permis de respirer, de voir, d'entendre, de toucher que je cherche, à l'affût de tout ce qui annonce, manifeste, prouve son existence, sa présence, notre intimité sans scrupule ni honte : O toi, mon Drame et mon Secret, qui me doubles et me partages, qui redoubles et abolis mon isolement, jusqu'à m'en délivrer, à force, entre nous deux seuls, de confiance, d'inconvenance, d'insolence, de confidence et de menus privautés, de nudité promise ou supposée.(32-33)

Si simple, si charmant fut son geste d'obéissance à se découvrir sur ma prière à mes yeux qu'il a comblés pour l'éternité de délices ! L'ironie n'est pas absente de sa part, mais si légère, la dispute écourtée, éludée par lui gracieusement, déjà ses vêtements rejetés, il se montrait nu. Depuis que j'étais, j'avais rêvé de ce Théâtre simple : son grenier et de ce spectacle pur, de cette absence totale de plaisir dans le péché, de cette contemplation immobile et muette, un moment hors du temps. [...] Maintenant, ce n'est plus Endymion, c'est lui que je vois, revêtu de tous ses signes cachés, particuliers, que je suis seul sans doute à connaître. Qui l'a regardé avec la même attention dévorante que moi ? Et la connaissance est plus fidèle que la Présence : ce souvenir aussi intime, aussi intérieur à moi que moi, qui peut me le ravir ? Sa nudité fait partie de ma mémoire, où elle éclaire ma Nuit.
Mais faut-il pour arriver à cette liberté intérieure, avoir dépassé la période agitée des combats et de la conquête ? (50-52)

L'intimité d'un être quelconque, sa façon de se comporter dans l'abandon, son regard au moment de la stupeur, l'aveu de son odeur : il y a quelque chose d'unique à découvrir et de caché derrière des murs et des murs qu'il faut franchir à ses risques, avant de plaire encore, pour mériter la dernière confiance, mieux, une confidence entière, dont la nudité n'est que la figure : le droit d'entrée dans le Saint des Saints qu'est le Secret du Corps et de l'Ame du Premier venu, sa faveur.(85)

Bonheur de n'avoir pas dormi du soir au matin. Mes lèvres savourent leur soif, qui me fait vivre, autant qu'elle m'approche de la mort. Désir labour le Désert et de quelques larmes jaillies par surprise naît l'oasis. (115)

Pour finir, la rupture étant consommée, l'esprit est disponible pour d'autres découvertes :

[...], cette vacuité, cette disponibilité infinie que laisse en moi l'absence de J. St., ce vide insondable, n'importe qui va le remplir : cette curiosité de tous les visages, de tous les corps, de toutes les âmes, ce sera ma vengeance : je la sens qui se ranime, à mesure que l'amour s'éclipse; elle est l'autre aspect terrible de moi-même, elle dévorera tout, elle me dévorera, elle les dévorera, punis. Le premier venu ou lui seul ? Déjà tous les passants m'intéressent. Fou, je les regarde; avide, je les investis de nouveau de mon attention passionnée. Rien d'eux ne m'échappe : misère ou beauté ? où l'admiration défaille surabonde la piété. (209)


Sur la religion et le conflit moral :

Cet aspect est très présent dans l’œuvre de Jouhandeau et bien entendu dans cette Chronique. Cette préoccupation en fait probablement le prix pour certains. Pour d'autres, surtout aujourd'hui, elle peut paraître rebutante, voire empêcher d'entrer pleinement dans l’œuvre et d'en goûter la saveur très particulière. Il ne faut pas l'éliminer totalement, car Jouhandeau reste un grand moraliste. Je vous renvoie aux analyses qu'en a faites Didier Eribon dans Une morale du minoritaire ou la courte synthèse qu'il en a donnée dans le Dictionnaire des cultures Gays et Lesbiens. Je n'ai sélectionné qu'un nombre restreint d'extraits pour illustrer cette dimension de l’œuvre :

Jacques, si j'aimais Dieu, comme je t'aime, je serais un Saint, mais parce que je t'aime de cette manière unique, il est impossible que Dieu ne soit pas enveloppé, compromis avec nous dans mon amour pour toi. (44)

La passion telle que je l'éprouve, dépasse le péché. [...] Avec lui, je pèche sans doute cent fois plus qu'avec un autre sur le plan de l'absolu, mais sans jamais commettre le mal ni connaître la honte, si bien que chaque degré plus bas m'élève.[...] mais qu'importe que je ne sache plus parfois moi-même si je me perds davantage, en me sauvant, ou si je me sauve davantage en me perdant avec lui ! Sous l'aspect de l'éternité, quel sombre altier du Tartare nous habitons, lui et moi, où l'Amour nous dérobe à toute bassesse et à toute débauche ! (54)

J'aime ce résumé de la posture jouhandélienne telle qu'elle est exprimée dans Marcel Jouhandeau et ses personnages, Henri Rode, 1950 : "N'ouvrons pas non plus De l'Abjection ni les Carnets de Don Juan, si nous ne sommes pas amateurs d'expériences érotiques d'une qualité hautaine où, la mesure et la clarté visitant nos bas-fonds, transcendent le vice, au point de lui donner l'air de la sagesse, voire de la sainteté. "(14)

Sur l'homosexualité :

Curieusement, l'homosexualité n'est pas abordée en tant que sujet de réflexion, même si elle forme l'arrière plan de toute cette Chronique. La réflexion porte plus sur l'amour et la passion dans le vice et le mal, pour reprendre des mots chers à Jouhandeau. Il n'utilise qu'une fois le mot :

Toute la nuit je me reprochai surtout d'avoir calomnié dans mon dernier livre l'homosexualité, qui ne conduit pas nécessairement à l'abjection, du moment que le sentiment y a sa part. (135).

Dans cette allusion à De l'Abjection, on sent naître une vision plus apaisée de l'homosexualité, qui ouvre la voie aux œuvres plus sereines qui suivront jusqu'à l'extraordinaire Tirésias.

D'ailleurs, il n'a pas fallu attendre longtemps pour que l'ouvrage ait une diffusion plus large, puisque dès 1949, une édition commerciale paraît aux éditions "Les quatre jeudis", tirée à 520 exemplaires. Edition suivante : Paris, Gallimard , 1964


Description de l'ouvrage

Marcel Jouhandeau
Chronique d'une passion
[Paris], "Par le don de Flor", [1944], in-8° (240 x 150 mm), 161-[7] pp., page de titre et couverture illustrées d'une vignette en couleurs.

La vignette de la page de titre et de couverture porte : "Par le don de Flor", autrement dit de Florence Gould. Cette vignette a été dessinée par Léopold Survage :



La couverture et la page de titre sont identiques :


Tirage : 100 exemplaires numérotés sur verger d'Arches. Cet exemplaire est le n° 24


Il n'existe que 2 exemplaires dans les bibliothèques publiques : à la BNF, dans le fonds de la donation Pierre-André Benoît et à Grenoble.

Achevé d'imprimer : 15 juillet 1944, Imprimerie de l'Union, Paris.

L'exemplaire est relié en plein chagrin rouge, dos lisse, titre doré en long, tête dorée.


Il contient une lettre manuscrite de Marcel Jouhandeau à Robert Coquet, son grand amour rencontré en 1948 :



Transcription :

Mardi

Mon petit Robert adoré, mon amour, ma passion,
Demain je te verrai.
Je te revois sur le palier en train d'habiller, de coiffer notre Elue (ou Elise ?).
Non, il n'y eut jamais sous le soleil de scène plus étrange, à la fois plus bouffonne et plus touchante.
J'ai écrit à Henri [Rode] que je passais demain soir te prendre vers 6 h. ¼  6 h ½  à Dupleix et que nous le retrouverions au restaurant où nous avons diné mercredi, où nous dînerons tous les trois.
                            De désir, je n'en puis plus
                              Ton
                                                   M.

Ton petit mot m'est arrivé hier soir. Je te bise. (c'est un mot de Florence)


jeudi 2 juin 2011

Retour sur Tirésias de Jouhandeau

Il y a maintenant plus d'un an, j'ai eu l'occasion de décrire longuement Tirésias, de Marcel Jouhandeau, texte magnifique, admirablement illustré par les gravures d'Elie Grekoff. Je vous renvoie à ce message : cliquez-ici.

J'ai trouvé récemment un autre exemplaire, le n° 13 du tirage de 150. Il contient un des dessins originaux de Grekoff qui a servi à illustrer l'ouvrage. C'est un dessin au crayon sur papier calque :


Autre atout de cet exemplaire, sa reliure que je vous laisse découvrir :


Le relieur a repris le motif des deux serpents entrelacés qui illustre le début de l'ouvrage.

samedi 6 février 2010

"Tirésias", de Marcel Jouhandeau, 1954

J'ai choisi comme image emblématique de mon site cette illustration du Tirésias de Jouhandeau :


Comme je l'avais promis, je souhaite vous faire découvrir aujourd'hui ce livre qui est un texte magnifique sur le plaisir entre hommes, en même temps qu'une merveille de l'édition par la beauté des illustrations d'Elie Grekoff.

Marcel Jouhandeau, né en 1888, a laissé une œuvre romanesque importante, dans la tradition des grands moralistes. L'homosexualité, centrale dans sa vie, n'est que peu à peu abordée, d'abord par des allusions dans son Eloge de l'imprudence (1931), puis de façon de plus en plus claire dans De l'abjection, paru anonymement en 1939, réédité en 1951 avec son nom d'auteur. Suivront Chronique d'une passion (1944), Les funérailles d'Adonis (1948) ou L'école des garçons (1953) et Du pur amour (1955), qui abordent l'homosexualité plutôt sous l'angle de la passion amoureuse, que de la sexualité en tant que telle. C'est avec Tirésias, paru anonymement en 1954 dans un tirage de 150 exemplaires, qu'il aborde le sexe entre hommes. C'est probablement pour cela que le texte restera anonyme et qu'il sera toujours réticent à le reconnaître. Il faut imaginer qu'en 1954, pour un écrivain reconnu, parler ouvertement de sodomie et de plaisir partagé était encore de l'ordre de l'inimaginable. Certes, Jean Genet l'avait fait dans Notre-Dame des Fleurs et Le miracle de la rose, mais il était peu connu, au delà d'un cercle restreint autour de Cocteau, puis Sartre.

Tirésias est organisé autour du récit de ses amours avec quatre hommes, Richard, Philippe, Le Nain et Pierre, qu'il rencontre dans un bordel d'hommes. C'est Richard qui, pour la première fois, lui fait prendre goût à la sodomie :
" Ses poils dessinaient sur ses cuisses dorées des roses noires comme on en voyait semées sur les cuisses de Malatesta, comme en porte le pelage des panthères, et c'est au moment où je le lui fis remarquer qu'il s'est jeté sur moi, en me mordant l'épaule. Vainement je cherchai à me défendre, il m'avait retourné sens dessus dessous et son visage contre ma nuque s'y imprimait si bien que c'était mieux le voir que si je l'avais regardé face à face,quand tout d'un coup, mais comment cela s'était-il fait, je me sentis sailli par son dard. Alors, comme il me tenait, sûr que je ne me déroberais plus à sa possession, sa bouche m'apparut sous mon bras sensuelle, succulente, une grenade entr'ouverte. De douceur plus suave et de douleur plus cruelle, je n'en avais jamais ressenties à la fois. Il m'était bien égal de vivre ou de mourir et je le lui dis, tant le supplice et le plaisir s'exaltent l'un l'autre. Je finis par oublier le supplice pour le plaisir."

Lorsqu'il découvre la sodomie, il a alors dépassé la soixantaine et une longue vie de relation homosexuelle. Une expérience malheureuse à l'âge de 23 ans l'en avait pourtant dégoûté : "Hélas ! j'en fus plus d'un an malade et une sorte d'horreur de ce geste m'empêcha de le considérer toute ma vie comme agréable."

L'ouvrage est illustré de 15 gravures d'Elie Grekoff. Je les reproduis à la suite, complétées de morceaux choisis, glanés au fils du texte.




"Ce soir, il allait répandre sa semence, la curiosité lui a pris de se voir en moi, de mesurer de l'œil notre jointure, sa puissance et la longueur de sa portée, mes profondeurs aussi. Alors comme il s'écartait et se penchait sur ma croupe, j'ai aperçu de profil, en me retournant, son poitrail de lion, ses seins lourds, si gonflés par la jouissance qui approchait, qu'ils partageaient, qu'une goutte de lait gicla d'un tétin. Non, rien ne pouvait, parmi la confusion de nos formes, m'émouvoir plus que de surprendre toutes ces érosions à la fois, dont les cataclysmes seuls qui changent le cours des humeurs dans la nature peuvent donner une idée.
Cela éclate subrepticement et vous voici de fond en comble bouleversé, transmué. Sans doute, pour qu'il en soit ainsi, faut-il ne pas tricher, ne pas traiter le plaisir légèrement, mais comme une initiation constante et constamment renouvelée, aux mystères les plus sacrés."

J'aime particulièrement l'idée de cette dernière phrase.



"Il ne me prend qu'agenouillé, mes jambes passées autour de son cou. Ainsi son visage demeure exposé au-dessus de moi, les paupières baissées, jusqu'au moment où le bonheur le saisit et m'envahit. Alors il ouvre ses yeux, tout grands, de grands yeux couleur de pervenche, dont la tendresse à ce moment-là est d'autant plus poignante que sa bouche cruellement se chiffonne,se rétracte, un peu comme l'huître encore vivante, quand on la dérange dans son repaire. Après, je n'ai qu'à lui parler de ce regard et de cette grimace pour qu'il sourie, mais comme le paraissent faire seulement les animaux endormis au rappel en rêve de la volupté."




"Dès que je vais être prêt, il vient me chercher, m'attire à lui et je commence à trembler, à geindre de peur, à supplier qu'il me ménage, qu'il ne soit pas brutal, trop dur, comme le volatile, que guette un vautour ou le couteau du sacrificateur. Alors, il me donne de doux noms par monosyllabes ensalivés, dont je comprends moins le sens (il parle un argot à lui) que la gentillesse volontaire ou l'ironie, quand il ne les pimente pas tout d'un coup de grossièretés, cette fois claires, ou de quelque menace qui me glace de terreur. En même temps sa main me touche au bon endroit, sa caresse m'excite et m'apaise, il m'entoure peu à peu la taille de son bras massif qui pèse sur ma hanche et tout d'un coup me ceinture et me broie. Son visage s'éclipse, je le sens descendre le long de mes reins,à la recherche de profondeurs qu'il visite comme chez lui. Au passage de son doigt, puis de sa langue, je m'épanouis. La confiance naît. A peine ai-je senti sa chaleur installée en moi, son visage remonte des abîmes. Comme s'il frôlait chacune de mes vertèbres l'une après l'autre au passage et c'est quand il me mord la nuque et que je sens son corps allongé le long du mien, ses tétins sensibles au-dessus de mes épaules, que la pointe carrée de son phallus, battant mes fesses, comme exprès pour me faire éprouver sa raideur, hésite encore une fois sur le seuil et enfin me pourfend. Bien en selle, après une longue promenade au trot, d'un coup de rein, il me retourne et mes jambes passées comme un collier autour de son cou, je peux contempler, entre ses deux épaules qui me cachent toute la pièce, une Face de Titan maussade qui se balance, passant de l'insulte la plus cruelle à la câlinerie, d'une expression de douleur à la béatitude, avant de se fondre de bonheur. Sa bouche à la mienne attachée, nos yeux se ferment en même temps que sa sève brûlante m'inonde et que la mienne se répand entre nos deux cœurs, débâcle saluée par des râles sans fin, comme il n'arrive qu'aux bêtes fauves qui s'accouplent dans les forêts."





"Le moment le meilleur est peut-être celui de l'attente à genoux, sans voir ni savoir ce qui se passe derrière soi. Rien de plus émouvant que l'approche du pénis, avant l'attouchement. Douceur de l'hésitation du membre au bord des lèvres qui se rétractent et peu à peu se détendent, comme pour aller au-devant de ce qui va les
élargir, en les déchirant. Deux bras déjà vous ceinturent. Tu ne fuiras pas. La pénétration est d'abord douleur, cependant que l'agitation du fer lui permet de prendre sa place dans le fourreau qui, dépliant une à une ses mailles, épouse plutôt la forme de ce qui le remplit qu'il n'impose la sienne, jusqu'au moment où la vulve, béante de délectation, se lisse et s'oint elle-même. Alors le glissement de pénible qu'il fut d'abord se change bientôt en la plus voluptueuse et comme intérieure caresse.

Pierre seul a su faire suivre son balancement rythmé d'une extase encore plus complète : c'est quand, son ventre ayant touché mes reins, nos toisons mêlées, il a pris en moi sa place, où il reste longtemps immobile, si tendu que le gland se gonfle à l'intérieur et par son propre battement, par sa seule vibration parvient à l'orgasme. Alors averti par son cri, à peine me suis-je senti tout d'un coup inondé de sa chaude liqueur, il en profite, humecté, pour s'avancer encore plus loin, de cachette en retranchement jusqu'à ce que ce soit à moi de crier, en même temps que sous l'effet de la jouissance, tout en moi se resserre, comme une coulisse sur son phallus que je retiens mon prisonnier et fous d'une mutuelle reconnaissance, nous tombons enlacés sur la couche et nous endormons."



Elie Grekoff est un illustrateur français d'origine russe, né le 11 octobre 1914, à Saratoff, dans la province du Don et arrivé en France en 1928. Il est mort à Saumur le 16 juillet 1985. Il a été formé par Fernand Léger. Un site très bien fait lui est entièrement consacré : Elie Grekoff.


Description de l'ouvrage et de l'exemplaire

Tirésias
S.l.n.n, 1954, in-8° (224 x 142 mm), 92-[4] pp., 15 gravures sur bois dans le texte, couverture et titre illustrée d'une gravure sur bois.

L'achevé d'imprimer est du 23 mars 1954. Selon la BNF, il a été imprimé à Paris par M. Sautier.

Tirage : 150 exemplaires sur vélin pur fil du Marais :
- 15 exemplaires numérotés 1 à 15 contenant un dessin original, une suite sanguine des 15 bois illustrant le livre plus une suite de 5 bois non utilisés
- 15 exemplaires numérotés 16 à 30 contenant une suite sanguine des 15 bois illustrant le livre plus une suite de 5 bois non utilisés
- 120 exemplaires numérotés 31 à 150


Cet exemplaire est un exemplaire d'artiste, marqué "A". Il contient la suite sur sanguine des 15 gravures sur bois (c'est de cette suite que sont tirées les illustrations de ce message). Il contient aussi 5 gravures qui n'ont pas été retenues dans l'ouvrage définitif.






Dans les collections publiques, on ne trouve que 2 exemplaires, tous les deux à la BNF :
ENFER-1498, avec envoi autographe signé de l'auteur à la Bibliothèque nationale, daté de novembre 1955.
RES 8-Z PAB JOUHANDEAU-78, don de Pierre-André Benoit.

Dominique Fernandez possède un exemplaire, comme il le raconte dans
Le rapt de Ganymède (p. 140) : "J'en possède un [un des 150 exemplaires] que m'a donné Marie Laurencin, le 11 novembre 1955, en me disant : « Peut-être que cela vous intéressera-t-il plus que moi. » La dédicace de Jouhandeau à Marie Laurencin présente le livre comme un « excellent pastiche » de l’Imitation de Jésus-Christ."

Avec
Le voyage secret et Carnets de Don Juan, Tirésias a été réédité par Arlea en 1988, sous le titre Ecrits secrets.

Les Ecrits secrets ont ensuite paru en 1993 dans la collection de poche "Pocket".


Pour ceux qui veulent aller plus loin sur Jouhandeau, je recommande les belles pages de Didier Eribon dans
Une morale du minoritaire, Paris, 2001.

Messages, qui présentent deux autres exemplaires, avec des dessins originaux : 

Tirésias, Marcel Jouhandeau, 1954 (III)
Retour sur Tirésias de Jouhandeau

mercredi 30 décembre 2009

Bonne année 2010

Pour souhaiter la bonne année 2010 à mes lecteurs habituels et occasionnels, je vous offre deux cadeaux :

Le premier est une des gravures du Tirésias, de Marcel Jouhandeau, d'après une dessin de Grekoff :


C'est une autre gravure de cet ouvrage qui illustre mon profil, formant comme une signature de ce site. Contrairement à ce que certains ont pu croire, ce n'est pas une gravure de Jean Boullet. 2010 sera, je l'espère, l'année où je vous décrirez plus complètement le Tirésias, de Marcel Jouhandeau, un des plus beaux livres sur le plaisir homosexuel, par un écrivain à la langue magnifique, malheureusement bien oublié aujourd'hui.

Le deuxième cadeau est, une fois n'est pas coutume, une vidéo que j'ai trouvé fascinante. Je vous laisse admirer.




En 2010, je vous parlerai de Nijinski.

Je vous souhaite à tous une belle année 2010, pleine de découvertes dans l'immense continent de la littérature et de l'histoire homosexuelles, notre patrimoine commun.

Je dédie aussi cette année 2010 et ce site à Christian, l'homme qui partage ma vie.

dimanche 10 mai 2009

"Les funérailles d'Adonis", Marcel Jouhandeau, 1948

Nouveau texte de Marcel Jouhandeau : une nouvelle pleine de sensibilité sur l'hommage rendu par un homme solitaire à un jeune homme de 20 ans.


Cet homme, le baron de Taillefer, mystérieusement disparu alors qu'il avait 16 ans, revient au château de famille, provoquant la curiosité de tout le village. En 1914, au début de la guerre, il reçoit plusieurs fois un jeune militaire d'à peine 20 ans : "on prêtait volontiers au couple éphémère qu'ils formaient si intime, allègre un moment, de si près menacé, je ne sais quel charme".

Quant ce jeune homme, le narrateur voit : "le rythme léger du pas de l'éphèbe, sa sveltesse, la beauté d'un profil aussitôt perdu, la grâce d'un geste évanoui".

Le jeune home meurt et ses funérailles voient accourir tous les corps constitués et les notabilités locales, en hommage à la notoriété du baron, malgré l'énigme qui entoure cet homme et le décédé. Seul le narrateur voit la vérité : "je ne crus plus du tout assister à une messe, mais dans un pays lointain, à une époque incertaine, au funérailles mêmes d'Adonis". Et le narrateur de remarquer : "Faire servir ainsi tout un monde à l'apothéose de ce qu'il ignore ou réprouve, quel dessein digne du Diable !"

On sent toute la jubilation de Jouhandeau, se délectant du "scandale" des mœurs réprouvés dans ce petit monde confiné de la province et de sa bourgeoisie. Et quel plaisir de penser que tous ces bourgeois se sentent obligés de participer aux funérailles d'un beau jeune homme aimé ! On l'imagine en rire sous cape.

Ce texte a été publié par Jean-Gabriel Daragnès, qui l'a illustré de deux eaux-fortes.




Cette nouvelle a aussi été publiée dans la revue de la NRF de mai 1953. Elle a été reprise dans un recueil de contes :
Contes d'enfer
Paris, Gallimard, [1955], 217 pp.
qui contient 3 contes :
- Ximénès Malinjoude
- Don Juan
- Les funérailles d'Adonis

Adonis, fils de Myrrha et de son propre père, Cinyras, roi de Paphos, à Chypre est célèbre pour sa beauté.

Marcel Jouhandeau a semé son texte d'allusion. Il cite Anacréon, poète grec, qui a vécu au VIe siècle avant J.-C. Tous ses poèmes chantaient le vin et surtout l'amour. Il aussi bien chanté l'amour des femmes que celui des hommes. Théocrite, dans ses épigrammes, le présente comme homosexuel. Hérodote le confirme dans son Enquête et Pausanias en fait de même dans sa Description de Grèce. Ces quelques vers pourraient nous le confirmer :
"Sur tes cuisses charmantes, sur tes cuisses incendiaires
Place un membre délicat qui aspire déjà à l'amour
O garçon au regard de Vierge je suis fou de toi et tu ne me vois pas
Ne sais-tu donc pas que dans ta main c'est mon cœur entier qui frémit ?"



Description de l'ouvrage et de l'exemplaire

Les funérailles d'Adonis
Paris, L'originale, s.d. (1948), in-8° (238r x 184 mm), 29-[7] pp, deux eaux-fortes dans le texte.

La description de l'ouvrage est la suivante :
- 2 feuillets blancs (inclus dans la pagination)
- Faux-titre (p. 5)
- Une gravure sur cuivre à pleine page en frontispice, avec serpente (p. 6)
- Titre (p. 7)
- Page blanche (p. 8)
- Texte, avec une gravure sur cuivre au début du texte (p. 9). Le texte couvre les pages 9 à 29.
- Page blanche (p. 30, non chiffrée)
- Justification du tirage (p. 31, non chiffrée)
- Une page et 2 feuillets blancs (pp. 32 à 36, non chiffrées)



Tirage : 70 exemplaires numérotés :
- 10 exemplaires sur vélin pur fil d'Arches, de 1 à 10, avec suite des gravures sur papier ancien
- 60 exemplaires sur vélin de Rives, de 11 à 70
Quelques exemplaires de collaborateurs, tous signés par l'éditeur.
Cet exemplaire est le n° 18

L'impression est datée du 15 décembre 1948.

La justification porte un dessin, où l'on peut reconnaître les initiales J.G. D, dans un cœur (le cœur fleuri) avec la devise : "Insita Cruce Cor Floret". L'éditeur de cet ouvrage est Jean-Gabriel Daragnès lui-même.

Exemplaire relié par René Desmules :
Demi box noir à bandes, dos lisse, tranche de tête dorée.

René Desmules a exercé de 1941 à 1975. Il était considéré comme l'un des plus habiles relieurs de son temps. Il travailla à façon pour les plus grands décorateurs : Rose Adler, Anthoine-Legrain, Paul Bonet, Creuzevault, Madeleine Gras, Georges Leroux.
"René Desmules was born in 1909 and was apprenticed first to Noulhac and then to Maylander and went on to work for Pierre-Legrain, Gruel and Marot-Rodde. He established his own bindery in 1941 and was a favourite forwarder for designers including Rose Adler, Anthoine-Legrain, Paul Bonet, Bonfils, Creuzevault, Madelaine Gras, Georges Leroux, Thérèse Moncey and Pierre-Lucien Martin. He carried on working until 1975 and died in 1978."

Quelques liens :
Jean-Gabriel Daragnès
Adonis