dimanche 21 février 2016

Images

Louis Jean Baptiste Igout

WILHELM VON PLUSCHOW 1852-1930

WILHELM VON GLOEDEN 1856-1931

"Jacques Chazot au "Boeuf sur le Toit",
dans sa création du Petit Génie de la Bastille", ca 1920

LIONEL WENDT 1900-1944

KAROLL OF HAVANA

RAYMOND VOINQUEL 1912-1994

RV LEBEAUPIN 1956-1996

VINCENT GODEAU 1954
Jeune boxeur, série "Narcisses", 1989

BIRON Oz, 2012

Photos extraites d'une vente aux enchères à venir, le 23 février 2016.

vendredi 12 février 2016

La revue Inversions

C'est une initiative à saluer que la réédition à l'identique des 4 numéros de la revue homosexuelle Inversions et du numéro unique de L'Amitié. Il y a déjà eu des études sur ces revues pionnières, mais, à ma connaissance, aucune publication en fac-similé.


Pour rappeler l'histoire, ce sont deux jeunes gens parisiens, originaires du Gers, Gustave Beyria et Gaston Lestrade, avec un 3e comparse,  qui se lancent, sans beaucoup de soutiens, dans la publication d'une revue uniquement consacrée à l'homosexualité : « [Ce] n'est pas une revue de l'homosexualité mais une revue pour l'homosexualité. » Ces extraits du texte d'introduction du premier numéro est un programme de « défense et illustration » de la cause homosexuelle et des homosexuels :
Nous voulons crier aux invertis qu'ils sont des êtres normaux et sains, qu'ils ont le droit de vivre pleinement leur vie, qu'ils ne doivent pas, à une morale qu'ont créée des hétérosexuels, de normaliser leurs impressions et leurs sensations, de réprimer leurs désirs, de vaincre leurs passions.
[...]

INVERSIONS veut être leur Revue, ils y chanteront leur amour aussi beau, aussi noble que les autres amours.
[...]
Nous voulons grouper autour de INVERSIONS ceux qui souffrent de leur solitude. INVERSIONS veut être pour eux, l'écho des voix de leurs frères d'amour.
Nous étudierons ici les homosexuels, qui dans la littérature, les arts, la philosophie et la science, se classèrent parmi les génies.
Nous faisons donc appel à ceux, qui, hors de tout préjugé, de toute morale conventionnelle voudront nous aider et nous éclairer de leur documentation et de leurs observations personnelles.
Notre effort se heurtera sans doute à bien des obstacles, à de nombreuses difficultés ; à vous tous, homosexuels, nos amis, nos frères, de nous aider et de nous soutenir.

Le premier numéro paraît le 15 novembre 1924. Initialement prévu pour paraître au rythme de 2 numéros par mois, la revue rencontre rapidement des obstacles, avec en particulier une inculpation pour « atteinte aux bonnes mœurs », comme ils l’annonce dans le 3e numéro. Le 4e et dernier numéro paraît le 1er mars 1925.

La majorité des articles sont signés de pseudonymes, mais on sait que, en plus de nos 2 auteurs, Eugène Whilhelm (Numa Praetorius),  Louis Estève, Camille Spiess, Pierre Guyolot-Dubasty (Axieros), etc. ont contribué.  Certes, quelques uns des grands noms de l'époque : André Gide, Jean Cocteau, Willy sont absents, alors qu'ils auraient pu apporter leur contribution, voire même leur protection, mais on ne sait pas s'ils ont été sollicités.

Suite aux poursuites engagées, la revue devient L'Amitié. Dans le seul et unique numéro paru en avril 1925, sont publiées quelques contributions de soutien qui avaient été sollicitées dans le dernier numéro d'Inversions, sous forme de 3 questions dont la dernière est : « Quel est votre opinion sur l’homosexualité et les homosexuels ? ». On voit apparaître des signatures plus prestigieuses comme Havelock Ellis, Henry-Marx, Camille Spiess, Claude Cahun, Suzanne de Callias et Georges Pioch. Le revue disparaît ensuite.

Cette histoire, ainsi que le contenu même de la revue, est mis à notre disposition, contribuant à une meilleure connaissance de notre histoire homosexuelle.

Il y a cependant deux remarques à faire.

Dans le sous-titre : « Une autre histoire de la première revue gay française »,  dans le texte lui-même, il est répété qu'il s'agit de la première revue homosexuelle. Pourquoi une telle affirmation ? Tout le monde sait que la première revue française est Akademos. Comme celle-ci était d'un esprit un peu différent, peut-être un peu moins militant, j'imagine que Michel Carassou lui dénie le titre de première revue au profit d'Inversions. Mais ce n’est que supposition de ma part. Il est tout de même dommage qu'une telle erreur soit mise en avant. Ce qui est le plus étrange est que la revue Akademos est citée plusieurs fois, en particulier dans la bibliographie.

Mais, ce qui m'a le plus dérangé est l'injustice qui est faite aux deux piliers de cette revue, Beyria et Lestrade. Ils ont été condamnées à de la prison ferme. Ils n'imaginaient pas qu'en plus, dans cette réédition, on les déposséderait de leur initiative et de leur travail en attribuant un rôle central à Claude Cahun dans l'histoire de la revue, en particulier dans le dernier numéro où il est avancé, sans preuves : « cette livraison de L'Amitié a été conçue et dirigée par Claude Cahun. » (p. 30). L'avantage des publications sous pseudonyme est que cela permet de donner libre court à son imagination pour tenter d'identifier les auteurs. C'est ainsi que par un jeu de déductions aussi subtiles que fragiles, Claude Cahun se retrouve projetée, si j'ose dire, au-devant de la scène. Pourtant, la  seule chose certaine est qu'elle a contribué en envoyant un texte de soutien pour le numéro unique de L'Amitié. Au-delà, lui attribuer des contributions importantes dans les 4 numéros d'Inversions et un rôle de premier plan dans L'Amitié est du roman, et pas de l'histoire. Et je ne parle pas d'hypothétiques manœuvres conduites par Claude Cahun – on ne prête qu'aux riches ! – pour « éliminer » Camille Spiess. Certes, cet étrange personnage fort peu sympathique avait probablement rien à faire dans une telle revue, mais, à défaut d'autres preuves, je pars du principe que ce sont ceux qui ont créé la revue qui ont eu assez de maturité pour cesser de solliciter sa contribution.

C'est ainsi que je souhaite rendre hommage à Gutave Beyria et Gaston Lestrade. Ils ont tout le mérite de la création et de l'animation de cette revue pionnière, pour laquelle ils ont injustement payé. Claude Cahun a d'autres titres de mérite dans l'histoire homosexuelle, pour ne pas chercher à lui en attribuer d'autres.

Pour élargir les points de vue sur l'histoire de cette revue, il est conseillé de lire les autres études accessibles, comme l'article d'Olivier Jablonski in Dictionnaire des cultures gaies et lesbiennes, Paris, 2003, l'étude de Mirande Lucien, Inversions 1924-1925. L'Amitié 1925. Deux revues homosexuelles française, Lille, GKC, coll. « Cahiers GKC » (n° 58), 2006 ou, de la même : Les deux premières revues homosexuelles de langue française : Akademos (1909) et Inversions/L’Amitié (1924-1925) in La revue des revues, n° 51,‎ 2014.

samedi 2 janvier 2016

Voeux de 2016 avec Jean Genet

Pour débuter cette année qui marquera le 30e anniversaire du décès de Jean Genet, je partage avec vous un des plus beaux textes, à mon avis, de Jean Genet.
Tout habillé j'étais étendu sur le lit de Hamza. J'écoutais. Les bruits de bataille, très vifs, paraissant décisifs ; ne l'étant plus mais gardant leur intensité et à peine lointaine, et parmi ce désordre sonore, deux très petits coups, discrets mais voisins, firent reculer immensément le désordre destructeur. Deux coups en somme paisibles, frappés doucement à la porte de ma chambre. À l'instant je compris tout : le fer, l'acier explosaient au loin, à côte l'articulation d'un index cognait sur du bois. Je ne répondis rien car j'ignorais encore le mot «entrez» en arabe, et surtout, je l'ai dit, parce que j'avais «vu», tout à coup «vu», le déroulement de ce qui eut lieu. La porte s'ouvrit, comme je l'avais vu aux coups sur le bois. La lumière du ciel étoile entra dans la chambre et derrière je distinguai une grande ombre. De façon à laisser croire que je dormais, je fermai les yeux à demi mais je voyais tout entre mes cils. Fut-elle dupe de ma ruse? La mère venait d'entrer. Venait-elle de la nuit, maintenant assourdissante, ou de cette nuit gelée que je porte avec moi en tous lieux ? Elle tenait un plateau des deux mains, qu'elle posa très doucement sur le guéridon bleu à fleurs jaunes et noires, dont j'ai parlé. Elle le déplaça afin de le poser à la tête du lit, c'est-à-dire à portée de ma main, et ses gestes avaient la précision d'un aveugle en plein jour. Sans aucun bruit elle sortit et ferma la porte. Le ciel étoilé disparu, je pouvais ouvrir les yeux. Sur le plateau : une tasse de café turc et un verre d'eau; je les bus, fermai les yeux, attendis en espérant n'avoir fait aucun bruit. Encore deux petits coups à la porte, pareils aux premiers; dans la lumière des étoiles et de la lune décroissante la même ombre allongée apparut, cette fois familière comme si, toute ma vie, chaque nuit, avant mon sommeil, à la même heure cette ombre était entrée, ou plutôt à ce point familière qu'elle était plus en moi qu'au-dehors, depuis ma naissance venant en moi la nuit m'apporter une tasse de café turc. À travers mes cils je la vis retirer le guéridon bleu qu'elle remit silencieusement à sa place, toujours avec la précision d'aveugle-née elle reprit le plateau, elle sortit et referma la porte. Ma seule crainte fut que ma politesse n'eût égalé la sienne, c'est-à-dire qu'un mouvement de mes mains ou de mes jambes n'eût trahi ma feinte absence. Or tout se passa avec tant d'adresse que je compris que la mère venait chaque nuit apporter à Hamza le café et le verre d'eau. Sans bruit, sauf quatre petits coups à la porte, et au loin, comme dans un tableau de Détaille, la canonnade sur fond d'étoiles.
Puisqu'il était cette nuit au combat, dans sa chambre et sur son lit je tenais la place et peut-être le rôle du fils. Pour une nuit et le temps d'un acte simple cependant nombreux, un vieillard plus âgé qu'elle devenait le fils de la mère car « j'étais avant qu'elle ne fût ». Plus jeune que moi, durant cette action familière — familiale? — elle fut, demeurant celle de Hamza, ma mère. C'est dans cette nuit, qui était ma nuit personnelle et portative, que la porte de ma chambre s'était ouverte et refermée. Je m'endormis.

Ce texte est extrait du Captif amoureux, le dernier et, par certains aspects, le plus personnel des livres de Jean Genet, paru en 1986. Il venait de terminer la correction des épreuves lorsqu'il est mort, seul, dans une chambre d'hôtel du 13e arrondissement, dans la nuit du 15 au 16 avril 1986.

J'ai eu le plaisir d'acquérir, en 2015, un exemplaire de l'édition originale dans une reliure originale et somptueuse de Florent Rousseau.



C'est ma façon de vous souhaiter mes meilleurs vœux pour 2016, que j'espère toujours riche en découvertes.

dimanche 29 novembre 2015

Illustration persane



Une des 25 illustrations de Les Robaïyat d'Omar Khayyâm illustrés par Génia Minache (1957)
(pour en savoir plus : cliquez-ici).

lundi 23 novembre 2015

Henriette Gröll

Une galerie grenobloise propose une série de dessins d'Henriette Gröll. J'ai vu l'exposition et j'ai retenu une série de portraits de personnalités gays : Philippe Jullian, André Fraigneau, etc. Il y avait aussi quelques dessins de nus masculins. J'ai aimé.

Philippe Jullian

Matthieu Galey

André Fraigneau

Ghislain de Diesbach




Couverture du catalogue

Henriette Gröll

Ces dessins sont en vente : Galerie Vaujany

vendredi 30 octobre 2015

La Zone, conte de Marc Bernard, illustré par Jean Boullet

Jean Boullet a mis son talent d'illustrateur au service de nombreuses causes. Vers 1947 ou 1948, le "Comité de protection de l'enfance inadaptée de Nîmes" a fait appel à la générosité du public pour participer à la rénovation du château de Luc, centre devant recevoir des mineurs délinquants à qui on voulait éviter la prison. Le Comité obtint un conte de l'écrivain Marc Bernard (1900-1993), originaire de Nîmes. C'est Jean Boullet qui est chargé de l'illustration.


Le résultat est une petite plaquette La Zone, contenant ce conte du même nom, illustré de 16 dessins de Jean Boullet. Marc Bernard donne une évocation très personnelle de la zone, telle qu'elle pouvait exister à la sortie de la guerre près de la porte de Bagnolet ou la porte d'Italie.

Je vous laisse apprécier l’homoérotisme des dessins de Jean Boullet, à travers quelques planches parmi les 16 qui illustrent la plaquette. Il n'y a pas de mauvaises causes qui ne permettent pas de faire montre de son talent pour croquer les beaux garçons !














Description de l'ouvrage

La Zone.
Conte inédit de Marc Bernard, illustré par Jean Boullet
[Nîmes], Comité de l'enfance de Nîmes, s.d. [1947-1948], in-8° (220 x 162 mm), [40] pp., 16 dessins pleine page, ouvrage en feuilles, sous couverture illustrée d'un dessin.


Contenu de l'ouvrage :
Couverture. La couverture imprimée sert de titre.
- Faux titre : La Zone (p. [1])
- Justification (p. [2]) : 150 exemplaires sur papier Montgolfier, numérotés de I à CL et 850 exemplaires sur papier vélin de Barjon, numérotés de 151 à 1000. Imprimé par H.Mauger, Nîmes. Ex. n° 921.
- Conte La Zone, signé en fin Marc Bernard. (p. [3-7]). Évocation très personnelle de la zone, telle qu'elle pouvait exister à la sortie de la guerre près de la porte de Bagnolet ou la porte d'Italie. Suit une page blanche (p. [8])
- 16 planches dessinés, signées Jean Boullet, en référence exacte au texte du conte de Marc Bernard. (pp. [9-40]). Chaque feuillet de 4 pages comporte deux dessins et deux pages blanches.

Malgré un tirage en apparence important (1000 exemplaires), il s'agit d'un ouvrage très rare. Il n'existe aucun exemplaire à la BNF et au CCFr. Il est absent de la bibliographie de Denis Chollet et de l'ouvrage Jean Boullet. Passion et subversion.

Notice biographique de Marc Bernard.

samedi 24 octobre 2015

Deux dessins de René Bolliger

Trouvés au Salon du livre et papiers anciens de Champerret, ce jour, deux dessins de René Bolliger :