jeudi 28 juin 2012

Mon corps, ce doux démon, Pierre de Massot, 1959


Pierre de Massot (1900-1969) est de ces écrivains qui ont été mêlés à l'histoire littéraire du XXe siècle. Il a croisé quelques grands noms de notre littérature, mais son œuvre est passée au second plan, a été oubliée par l'histoire littéraire. Il a pourtant été proche de Francis Picabia, Erik Satie, André Breton, André Gide, Henry de Montherlant, Jean  Cocteau, etc. Il a été proche des dadaïstes et a connu avec eux la rupture – violente – avec les surréalistes.


C'est le hasard de la chine des livres sur l'homosexualité qui me l'a fait découvrir. Un titre, Mon corps ce doux démon, une description succincte sur le site d'enchères où je l'ai trouvé, un tirage restreint, et donc rare, un petit prix, m'ont convaincu de l'acheter et de le découvrir. Le hasard ou la chance (ou les deux comme souvent lorsque on recherche des livres rares) ont mis à portée de mon désir de livres un exemplaire du très court tirage (55 exemplaires) de l'édition originale, avec ce portrait par Jacques Villon. C'est lui que je présente aujourd'hui.


Comment qualifier ce livre ? Un seul mot, technique, le résume : une autobiographie. Mais c'est réducteur. Un deuxième mot me vient à l'esprit : « confessions ». Lorsqu'il dit « dans ce livre, il n'est rien que je veuille dissimuler et ce qu'à l'ordinaire on prend grand soin de cacher, moins que le reste encore », on croit lire la célèbre phrase de Jean Jacques Rousseau : « Je forme une entreprise qui n'eut jamais d'exemple, et dont l'exécution n'aura point d'imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature; et cet homme, ce sera moi. ». Enfin, et c'est cela qui m'a plu, c'est un itinéraire de vie, de la vie d'un homme à travers ses amours, toujours dominés par les besoins impérieux de son corps.

Plus que la biographie d'un homosexuel, c'est surtout le vie d'un homme, dont les amours se sont partagés entre les hommes et les femmes, dans une fluidité entre l'amour des garçons, visiblement très physique et sentimental, et l'amour des femmes, plus complexe et plus intellectuel (ou cérébral).

Lorsqu'il aborde son enfance au collège, c'est l'amour des garçons qui prédomine. Au-delà de l'image classique des amours collégiennes, dont l'époque a été friande (je ne cite que pour mémoire Peyrefitte ou Montherlant), c'est surtout la découverte du sentiment amoureux et du plaisir sexuel.

Peu à peu, le récit nous fait comprendre que son goût dominant est celui des garçons. L'épisode avec la petite prostituée Marcelle se termine par ce constat : « il me semble bien que du point de vue physique je puisse tenir pour certain qu'en dépit de celles qui la suivirent, la décevante expérience, avec elle entreprise et qui me laissait sur ma faim, ne contribua pas peu à augmenter ma réserve à l'égard de son sexe. » Il nous annonce l'histoire de cet amour qui a marqué sa vie : « je n'ai dans ma vie connu le plaisir et l'amour conjugués qu'auprès de celui dont, bien qu'il soit mort, voilà cet octobre douze ans, je m'interdis de prononcer le nom. Plus tard peut-être je révèlerai qui était cet être inoubliable et tout ce que je lui dois ». Pourtant tout la fin de l'ouvrage se termine sur ses amours tumultueuses avec une jeune écossaise, Robbie, qui se terminera par un mariage. Dans un passage proustien par l'intrigue plus que par le style, il nous fait part de son attirance pour les gomorrhéennes : 

La plupart de mes amies sont, pour employer la terminologie de Marcel Proust, gommorhéennes. Non, hasard. Loin de là. Je recherche, j'ai recherché toujours l'amitié des invertis des deux sexes, quelle que soit la classe sociale à laquelle ils appartiennent, pour ce qu'ils bénéficient d'une intelligence et d'une sensibilité extrêmement aiguës et que la liberté pour eux n'est pas un vain mot. Aussi quelle joie lorsque Robbie, notre intimité tout à fait établie, m'avoua des goûts, des préférences identiques aux miennes, et aux miens, et que l'attirait instinctivement, et fortement, son propre sexe. Cette dernière révélation m'enchantait : on admettra que dès lors je misse tout en œuvre pour la concréter. Qu'elle couchât avec un autre homme m'eut affligé d'une indicible affliction; il n'en allait pas tout de même de cette sorte de divertissements, je n'y voyais rien que de louable et charmant : sans doute j'énonce une vérité première un peu bien connue, le fait est que je la sentais profondément. Cette vérité d'ailleurs ne convainc point tout un chacun.

Pour revenir sur ses jeunes années, il insiste beaucoup sur la honte, plus précisément sur la honte sociale qu'il a connue dans sa jeunesse. Il en conclut : 

Et puis on s'habitue à tout, à la honte même. Ayant horreur en général du ton pleurnicheur et, littéralement, du genre « Petit Chose », je ne conterai point ici les vexations, les brimades, les injustices, les brutalités de presque tous ces petits bourgeois riches qui reniflaient en moi le pauvre comme les chacals un cadavre dans la palmeraie. Je ne me vengeais de leur mépris et de leur bassesse que par le travail. Un travail acharné. Un travail rédempteur.

Ce sentiment de honte, qui est presque libérateur en lui permettant d'aller au bout de lui-même, ne le conduit pas dans une posture comme celle que l'on rencontre chez Genet. Nulle provocation, nulle culture du paria, mais plutôt l'idée que la honte, subie, libère pour aller au-delà vers une honte choisie. Au demeurant, que l'on ne croie pas que l'ouvrage prenne une dimension morale. C'est surtout, et cela reste, l'histoire d'un itinéraire. La honte sociale est celle d'un jeune homme de bonne famille, mais dans la gêne, mis en contact, par solidarité de classe, avec des jeunes gens plus riches. Une bonne part de cette honte se concrétise par la tenue vestimentaire, marqueur du déclassement de sa famille dans ce milieu de haute bourgeoisie ou d'aristocratie.

Ce live a été écrit en 1932, alors qu'il a tout juste 32 ans. Il s'explique guère sur les raisons qui l'on poussé à l'écrire. On peut y voir un cri du cœur, d'un homme qui, à un moment de sa vie, veut faire le bilan de son existence. L'aspect un peu chaotique et mal construit du livre, comme écrit au fil de la plume, peut le laisser penser. La notation, en fin d'ouvrage, indiquant qu'il a été écrit en 1932 dans le port de Cannes, sur le yacht de Francis Picabia, « L'Horizon », renforce le sentiment d'une œuvre plus spontanée, comme écrite au hasard, que d'un travail réfléchi, construit et retravaillé. On est dans de la littérature d'un seul jet, même s'il dit à un moment :

Si ce livre ne présente point l'harmonieuse ordonnance que primitivement je lui rêvais, s'il est divers et touffus, qu'on me veuille absoudre. Il m'a paru, au fur et à mesure qu'il s'élaborait, que je me trouverais mieux, et j'espère le lecteur avec, d'obéir à mon inspiration que de me plier à des règles. Je ne saurais me soumettre à un plan; prospecter à la billebaude me convient davantage. Ce préambule à l'intention de ceux qui s'étonneraient que je n'aie pas débuté par ce chapitre qui traite de l'enfance.

On y trouve aussi une influence d'André Gide. Rappelant une citation des Nourritures terrestres, il se réclame des œuvres du dévoilement gidien : Si le grain ne meurt, par exemple. Doit-on voir dans l'œuvre libératrice de Gide un aiguillon pour Pierre de Massot l'amenant lui aussi à procéder à son propre dévoilement ? Il ne le dit pas, mais cela m'apparaît certain. Cependant, le texte n'a été imprimée qu'en 1959, tel quel, hormis quelques compléments en notes de bas de page. Pourquoi ce délai ? L'urgence apparue lors de l'écriture n'était plus aussi vive au moment de l'imprimer ? Difficulté pour aller au bout d'une démarche personnelle, dans un milieu malgré tout peu favorable à ce type de liberté d'écriture (rappelons qu'il était aussi un proche d'André Breton) ? Une pudeur vis-à-vis des personnes citées ? Je ne sais. Lorsqu'il a enfin été imprimé, d'autres œuvres l'avaient précédé, souvent plus audacieuses, malgré le retour d'un certain ordre moral après-guerre. Le tirage est resté confidentiel. L'édition originale sur un beau papier Arches avec un tirage du portrait gravé par Jacques Villon n'a été imprimée que « 50 et 5 fois », suivi d'un tirage sur papier ordinaire à 220 exemplaires « pour l'auteur et quelques amis ». Cela suffit à expliquer le peu de retentissement de l'ouvrage et son quasi oubli. Dans les rares notices biographiques que l'on trouve sur Internet (Wikipédia, par exemple), l'ouvrage apparaît dans la bibliographie, mais les aspects de sa personnalité qu'il révèle sont passés sous silence. Pudeur habituelle sur l'homosexualité de nos écrivains ! D'ailleurs, l'ouvrage est absent des grandes bibliothèques publiques, excepté un exemplaire dans la réserve de la BNF.

Une autre raison est peut-être que Pierre de Massot semblait plutôt aimer les jeunes garçons. Cette belle description en est la preuve :

De l'époque de cette mue, il me reste et parfois me revient des souvenirs auxquels j'ai plaisir à donner audience. La joie y compose avec la peine, l'espérance avec la mélancolie. Il n'y a pas comme ces souvenirs pour, je l'avoue, m'abreuver de nostalgie mais j'y puise également je ne sais quelle force dont je ne suis point assez présomptueux pour faire fi : grâce à quoi je compte achever sans louvoyer le cours de mon existence. Je veux dire que si quelque fois je me prends à regretter certains corps que j'enveloppais de caresses, c'est tout de suite que je vais à l'aventure pour en découvrir d'autres; et j'en regretterai la sveltesse demain, et les tendres abandons. Ce garçon dont le pantalon si court gante les formes juvéniles et dont autour des paupières le cerne trahit les tourments, si je l'aborde, s'il ne repousse pas mon baiser, c'est pareil à lui un enfant qu'il me rappellera, le soir qu'il se donnait à l'être merveilleux, aux prunelles autant que la voix si étranges, à cet être dont la mort seule l'a séparé sans réussir toutefois à rien distraire de son immense amour...

Sa timidité, ses brusques pudeurs, son effarouchement si commençant de se dévêtir, mes mains au plus haut des cuisses fines s'attardent, sa pâleur soudaine, l'ombre émouvante et mouvante des longs cils sur la joue veloutée, ce duvet autour des mollets bruns, c'est moi, c'est bien moi quand, dans la ténèbre abyssale de l'extraordinaire chambre qu'embaumaient des parfums de Syrie, je sentis, avec un bonheur ineffable, que je redoutais de voir tout d'un coup se briser, légères et vives, les paumes du dieu errer sur ma, chair, et qu'alors je crus défaillir. Dieux du ciel ! est-ce donc possible sur cette terre pareil enivrement?... Depuis ce soir, il est vrai, je poursuis sans répit le souvenir de cette heure adorable; André Gide, lui aussi, n'écrit-il pas, dans Si le grain ne meurt, qu'il a jusqu'à ce jour tenté en vain de ressusciter l'enchantement de sa nuit orientale avec Mohamed ? Serait-ce pas la rançon de ce plaisir divin que nous ne le puissions éprouver qu'une fois dans la vie, et que le reste ne soit que course en suite d'une ombre, fuite dans un miroir, jeu des nuées et du vent? Cependant, pour désolé qu'il me laissât, je ne me déprendrai point de ce souvenir aimé et, longtemps encore, j'en quêterai l'insaisissable image sur des visages aimants. Si fort que j'y demeure attaché, j'ouvre quand même des yeux éblouis sur les objets étrangers qui m'environnent, et je ne sache point lui être infidèle, lorsqu'un instant sur eux me penchant, je ne refuse pas leur passagère et charmeresse offrande. Dans ce pourchas continu d'une heure d'ivresse, oh que de surprises souvent ! que d'appâts imprévus! et que volontiers je m'y abandonne!

A la campagne, il n'y a guère, je passai deux mois enchantés en compagnie d'un garçon de treize ans dont me ravissait la fraîcheur d'âme et de peau. Ensemble nous vagabondions à travers bois, à travers champs, nous arrêtant sur les bords d'une rivière et là, pour adoucir la brûlure du soleil, dans l'onde s'enlaçaient nos jambes nues. Parfois, à tour de rôle, nous maraudions des fruits, les pêches de vigne surtout, juteuses, chaudes et sucrées, et de pulpe si serrées. Ou bien devisant à l'ombre immobile des sapins, nous attendions que s'atténue la touffeur du jour et que le crépuscule du soir nous permît de redescendre sans fatigue vers le village. 

Au début, j'éprouvai qu'il n'est point aisé d'avouer à l'enfance : je piétinais et ce fut lui qui, devinant ma gêne et la prévenant, jeta autour de mon cou ses bras, puis me tendit ses lèvres. Dès lors, négligeant artifices et précautions, je mis bas toute espèce de feintise : à quoi bon maquiller une passion dont je le savais lui-même tout brûlant? Il n'était que de l'initier à certaines caresses qu'il ignorait et desquelles je prévoyais qu'il goûterait, autant que moi, la paralysante douceur. Sans hâte, je l'instruisis ; et nul élève jamais n'y montra plus d'empressement et, je puis ajouter, plus de dispositions. Assez promptement, et non sans orgueil, il témoigna de la maîtrise qu'il avait acquise dans un art que je lui révélais et dont je lui avais inculqué les notions premières. Du reste, qu'avais-je à lui apprendre qu'il ne connût obscurément ou pressentît déjà, qui ne vint que comme une réponse à son appel informulé, de sorte que sa gratitude égalait la mienne.

Ainsi constitué que peu m'est beaucoup, sous mes doigts le satin de sa peau suffisait pour que m'envahît un émoi délicieux. Je préférais le servir, attiser son plaisir, mais il n'avait de cesse qu'il me le rendît. Et je devais toujours, tant je craignais que l'excès ne l'épuisât, mettre avant notre lassitude un terme, hélas ! à nos enlacements. Toujours, il passait outre et je cédais toujours. Ha! que j'aimais, dans les bois, sur un tapis de mousse, le déshabiller et qu'il se roulât, câline statuette de bronze, entre mes bras ! Et quand recrus de fatigue, ô combien exquise ! nous appareillions de concert vers l'accalmie réparatrice, je pensais à Celui entre les bras, contre le cœur de qui, jadis, nu aussi, je me lovais si tendrement...

Je sais aussi bien que quiconque, en contant cela, à quels sarcasmes je m'expose, à quelles critiques, à quelles excommunications, mais on ne me ferait pas, sous la hache du bourreau, venir à résipiscence. Je ne renoncerai jamais ce que je ne réprouve point et que, tout au contraire, j'engage autrui à imiter. Amoralité? sans doute, sans doute; nous en discuterons plus tard. Parce que mes goûts me sont personnels, me contestera-t-on le droit de les justifier ? La norme! j'obéis à celle qu'à tout instant je fonde sur le devenir.

Mais les années 50 étant moins strictes à ce sujet, ce n'est probablement pas la raison principale. Je crois qu'il s'agit de ce que j'ai appelé, par euphémisme, la « pudeur » qui amène à occulter l'homosexualité de nos auteurs, sauf lorsque c'est vraiment patent, voire porté en étendard (Gide, Cocteau, Genet, etc.). Pour les autres, peut-être est-ce considéré comme un passe-temps sans beaucoup d'importance, à l'instar d'une passion pour les timbres ou les poteries égyptiennes, qui ne mérite pas d'être signalée. Dommage, cela nous enlève des portraits d'hommes complets, dans la richesse et la complexité de leurs désirs.

Ce texte est inégal. Certains passages m'ont ému : je pense à l'histoire de son mensonge pour avoir la photo de la classe voisine afin de posséder une image du garçon qu'il aime. J'aime aussi l'histoire de sa première communion où, lorsque sa mère lui demande pour qui il a prié, il répond « Robespierre ». Cependant, ce texte donne moins que ce qu'il promet. Il ne faut pas le négliger. Il n'y a pas tant d'autobiographies d'homosexuels avant-guerre pour qu'il mérite d'être totalement oublié. Il restera toujours ignoré jusqu'à ce que quelqu'un le réimprime ou, plus moderne, le numérise. Sinon, il faudra se contenter d'espérer le trouver.

Pour finir, cette belle lettre d'André Gide, de 1934, en avant-propos de ce livre (Pierre de Massot a été quelque temps le secrétaire d'André Gide). Il avait eu le privilège de le lire alors qu'il n'était que manuscrit. Bel hommage à la liberté !

Paris, mardi soir.
Mon cher Pierre de Massot – Rassurez-vous. Ce que j'aurais à vous dire n'a rien de terrible, bien au contraire. Votre œuvre est si particulière, si personnelle, que j'ai trouvé bien ridicule en y repensant, le conseil que je vous donnais l'an passé, de modifier (par exemple) l'âge de vos personnages pour rendre plus acceptable votre récit. Il n'a pas à être acceptable mais accepté par quelques-uns seulement, qui vous sauront gré tout au contraire de tout ce qui doit le rendre intolérable pour ceux dont l'opinion ne vous importe guère. Le seul reproche que je puisse vous faire, c'est que vous le leur dites un peu trop. J'ai commencé à vous lire avec tremblement et délices. Le tremblement a cessé dès l'instant que j'ai pris le parti de considérer ce manuscrit comme celui de quelqu'un de mort depuis longtemps et à qui cet écrit ne pouvait plus nuire. J'ai compris du même coup que ce tremblement était en fonction de l'affection que je vous portais, qui est vive. Ce mot vous parviendra-t-il assez tôt pour ne pas modifier le rendez-vous que nous avons pris ? Je l'espère, et vous attends donc demain, à 3 heures ou de préférence, 3 heures et demie. Votre bien attentif.
André GIDE

Pour aller plus loin sur Pierre de Massot, quelques liens : cliquez-ici ou cliquez-là et surtout ce lien sur un site consacré à Montherlant : cliquez-ici.



Description de l'ouvrage


Pierre de Massot
Mon corps, ce doux démon
S.l.n.n.n.d. [Alès, PAB (Pierre-André Benoît), 1959], in-8° (252 x 164 mm), 66-[8] pp., un portrait gravé en frontispice, en feuilles, chemise.

Justification du tirage : 


Cet exemplaire contient un bulletin de souscription pour le tirage public à 220 exemplaires, sans le portrait gravé, à vendre à la librairie des Tuileries. Ce tirage est qualifié d'édition originale, alors que l'on peut penser que la véritable édition originale est le tirage sur beau papier de 55 exemplaires.

De nombreuses descriptions de cet ouvrage dans des ventes aux enchères donnent comme lieu et date d'édition : Alès, PAB [Pierre-André Benoît], 1959, sans référence. Je l'ai reprise.

Il a fait l'objet d'un compte-rendu dans la revue Arcadie, n° 75, mars 1960, pp. 198-199, signé Sinclair [René Dulsou (1909-1992), dernier amour de Max Jacob] :
« Livre charmant s'il en fût par le fonds (sic) et la forme.
Cet auteur trop peu connu et dont les écrits sont à l'heure actuelle à peu près introuvables, nous livre quelques confidences sur sa prime adolescence.»
Revenant à l'esprit Arcadie, Sinclair note : « L'intrigue qu'il noue avec un des plus doués parmi ses condisciples est, ainsi d'ailleurs que plusieurs autres, parfaitement retracée et les détails les plus précis ne jettent aucune ombre sur un récit toujours d'une exemplaire tenue. » (c'est moi qui souligne).
Il termine :
« Le burin de Pierre de Massot a gravé là une œuvre dont nous conseillons à tous les Arcadiens (et même aux autres) curieux de belles-lettres, d'entreprendre la lecture et qu'ils ne seront pas près d'oublier.
Je crois qu'il nous remercieront de leur avoir signalé ce livre à la diffusion un peu ésotérique, mais dont les qualités sont trop rares pour ne pas être exaltées. »

Pour finir en beauté ce message (et sans lien) : 



dimanche 3 juin 2012

Glanes

Quelques images glanées.


Ces deux gravures au pochoir de Joseph Kuhn-Régnier illustrent les œuvres d'Hippocrate, publiées en 1932 :



Cette belle sculpture classique n'est pas aussi antique que l'on pourrait l'imaginer. C'est une copie du XVIIIe siècle du torse du «Diadoumenos», d'après un original en bronze de Polyclète vers 430 avant J.C.




Pour plus de détails, cliquez-ici.

Cette sculpture orne le parc François Mitterand à Evreux. Visiblement, les charmes de ce bel Apollon ne laissent pas indifférents... Y mettre la main serait-il un rite de fertilité ? de virilité ?



Pour finir, et sans transition (et pour revenir à l'objet de ce blog), je vous signale ce catalogue très complet sur Fersen et son entourage par les Libraires associés (Jacques Desse, en association avec la librairie Elysium Books (USA)) : cliquez-ici


Certes, il s'agit d'un catalogue de vente de livres, mais c'est aussi un travail d'érudition. Sachons rendre hommage à nos grands ancêtres.

lundi 30 avril 2012

Retour sur le Satiricon

Il y a quelques mois, j'avais présenté une belle édition du Satiricon de Pétrone, illustrée par Georges Lepape (pour voir le détail, cliquez-ici).

Je viens de compléter ma collection avec un exemplaire de cette édition illustrée d'une eau-forte de Georges Lepape que je vous fais découvrir :


Pour mémoire, je remets quelques belles illustrations de cette édition :






Pour finir, pour les amateurs, cet exemplaire est recouvert d'une reliure non signée typique des années 1950, où l'influence art déco reste encore très présente :


samedi 21 avril 2012

Les homosexuels de Berlin, du Dr Magnus Hirschfeld, 1908

Le docteur Magnus Hirschfeld (1868-1935) est une des personnalités majeures de l'histoire du combat des homosexuels pour une meilleure acceptation de leur différence. C'est à travers un petit livre que je voudrais l'aborder.


Cet ouvrage est d'autant plus important qu'il représente une des premières manifestations publiques de son combat. Né en 1868, il fait des études de médecine et s'installe à Berlin. En 1897, il fonde la toute première organisation en faveur de l’égalité des droits : le Comité scientifique humanitaire (Wissenschaftlich-humanitäre Komitee) dont l'objet principal était l’abrogation du paragraphe 175 du code pénal allemand. Base de la discrimination des homosexuels en Allemagne, cet article stipulait : « Die widernatürliche Unzucht, welche zwischen Personen männlichen Geschlechts oder von Menschen mit Tieren begangen wird, ist mit Gefängnis zu bestrafen. » : « La fornication contre nature, pratiquée entre personnes de sexe masculin ou entre gens et animaux, est punie de prison. ». Surtout, cet loi ne distinguait pas les pratiques homosexuelles dans le cadre privé et dans le cadre publique.


Après quelques publications qui militaient en faveur de l'abrogation du paragraphe 175, parues dans des revues confidentielles, il est sollicité par Hans Oswald pour apporter sa contribution à "une collection de documents qu'il édite sur la capitale". Il se charge donc de décrire la vie homosexuelle à Berlin dans ce petit ouvrage paru en 1904 : Berlins Drittes Geschlecht. bei H. Seemann, Berlin u. Leipzig, qui est rapidement traduit en français. Il paraît en 1908 sous le titre : Le troisième sexe. Les homosexuels de Berlin.

A la lecture de cet ouvrage, ce qui frappe le plus est le ton objectif et factuel que prend le Dr Magnus Hirschfeld pour décrire le monde homosexuel à Berlin à ce début du XXe siècle. C'est un parti-pris d'aborder le sujet avec le regard du sociologue et du médecin. En particulier, il est dénué de jugement moral. Il faut attendre les pages finales pour que le militant reprenne le dessus sur le scientifique, lorsqu'il revient à sa croisade en faveur de l'abrogation de l'article 175. Cependant, le choix d'aborder d'un point de vue sociologique le sujet ne l'empêche pas de porter un regard bienveillant et sympathique sur cette communauté, même si, à la seule lecture du texte, on ne saurait deviner en quoi il est personnellement et intimement impliqué. Remarquons qu'il aborde aussi bien l'homosexualité masculine que féminine, même si les exemples concernent plus souvent les hommes.

Caricature de l'époque

L'ouvrage se divise en deux grandes parties. La première aborde de façon général l'homosexualité, c'est à dire le destin individuel des homosexuels. C'est la deuxième, et plus importante, partie qui aborde la vie collective des homosexuels à Berlin. C'est alors que l'on pénètre dans cette sous-culture homosexuelle qui anime la capitale allemande.

Maintenant, entrons plus en détail dans le contenu de l'ouvrage.

Dès le départ, il récuse le terme d’homosexuel comme étant trop connoté par la sexualité. On verra que le rapport ente le sentiment homosexuel et la sexualité homosexuelle sera le fil rouge, souterrain, de l'ouvrage. Il introduit son concept « favori » de troisième sexe. Ensuite, à travers plusieurs exemples et récits, il décrit comment les homosexuels vivent leur homosexualité. Cet exposé, presque pédagogique, veut démontrer une forme de normalité dans l’homosexualité :

Elle confirme l’opinion que le penchant homo-sexuel se distingue, il est vrai, en direction et signification, mais non dans son développement, de l’amour normosexuel.

Ce terme « normosexuel », plusieurs fois utilisé, fait-il référence à une norme (ce qu’est l’amour hétérosexuel) ou à une normalité ? L'auteur ne le dit pas mais on sent qu'il hésite entre les deux.

Dans ces quelques lignes, il décrit la force des sentiments qui lient entre eux deux hommes ou deux femmes :

Ces « liaisons solides » entre hommes ou femmes homosexuels, souvent de longue durée, sont à Berlin, d'une fréquence extraordinaire. II faut avoir observé la tendresse qu'ils se portent les uns aux autres, les soins empressés qu'ils se témoignent, l'anxiété de leur attente, l'énergie avec laquelle l'amoureux prendra à cœur les intérêts, – pour lui souvent très éloignés – de son ami; le savant ceux de l'ouvrier, l'artiste ceux du sous-officier; il faut avoir vu les souffrances morales et physiques résultant de la jalousie, pour pouvoir dire qu'ils ne comportent « aucun acte de luxure contre nature ». C'est simplement là un mode de ce grand sentiment qui, de l'avis de beaucoup, est seul capable à donner à notre existence sa valeur réelle et sa consécration.

Une idée, exprimée ici, mais que l’on retrouve ailleurs, est que la véritable essence de l’amour homosexuel n’est pas le sexe, mais le sentiment. Il semble même parfois opposer les deux, comme dans ce paragraphe, et jamais, il ne semble penser que les deux peuvent former un tout indissociable et harmonieux. Peut-être que c’est sa vision de la sexualité en général (hétéro et homo) qui influe sur sa perception de l’amour homosexuel. Il semble toujours craindre qu'à trop insister sur la dimension purement sexuelle de l'homosexualité, il dévaloriserait son sujet et son propos Peut-être même qu'il craint que son but de "normaliser" l'amour entre hommes ou entre femmes serait entaché par quelque chose de "sale" qu'évoquerait le sexe. Prudence nécessaire pour l'époque ou perception intime et personnelle de la sexualité ? Cela reste à déterminer. Malgré cela, on le voit s'intéresser aux différentes et infinies combinaisons de ces normosexuels/homosexuels, au delà de la simple image du couple.

Avant de finir sur cette partie, cette anecdote montre que malgré l'époque (mais peut-être que nous nous exagérons sa rigidité morale), des parents savaient accepter voire intégrer l'homosexualité de leur enfant :

Il n'est pas rare de constater à Berlin, qu'il y a des parents qui s'accommodent de la nature uranienne et même de la vie homosexuelle de leurs enfants.
J'ai assisté, il n'y a pas longtemps, à l'enterrement d'un vieux médecin, dans un cimetière de la banlieue. Devant la tombe ouverte se tenait le fils unique du défunt, à droite la mère âgée et, à côté, un jeune ami de vingt ans; tous les trois dans un deuil profond. Lorsque le père, à l'âge de soixante-dix ans, découvrit la nature uranienne de son fils, il fut pris d'un grand désespoir. Il consulta plusieurs médecins aliénistes, qui lui donnèrent des conseils différents et, du reste, inefficaces. Il se mit alors lui-même, à l'étude de la littérature concernant ce sujet et finit par reconnaître que cet enfant était un homosexuel de naissance; quand son fils dut s'établir, il ne s'opposa pas à ce qu'il prit son ami avec lui; bien plus, ces excellents parents reportèrent leur pleine affection sur ce jeune homme qui sortait d'une couche sociale inférieure. Les deux amis avaient, l'un sur l'autre, une bonne influence morale; tandis que chacun d'eux isolé, aurait eu de la peine à se frayer un chemin dans la vie, les deux ensemble réussirent très bien. La science et la bonne éducation de l'un furent heureusement complétées par l'énergie et l'esprit d'économie de l'autre.
Sur son lit de mort, le vieux médecin dit ses derniers adieux à sa femme et à ses « deux petits ». L'aspect de ces trois êtres humains unis dans les larmes et la douleur, [...], impressionnait l'âme un peu plus profondément que l'oraison funèbre d'un jeune curé faisant d'une voix fluette l'éloge du défunt qu'il ne connaissait pas.

Remarquons au passage que l'on retrouve ici, comme dans d'autres passages du livre, l'image du couple homosexuel fondé sur les différences physiques (homme mâle/homme efféminé), sociales ou culturelles.

A partir de la page 37, il s’intéresse à la vie collective ds homosexuels à Berlin. Il commence par les soirées privées. Artifice ou prudence, il se présente comme un « invité honoraire » :

Par reconnaissance pour mes travaux concernant l'affranchissement des homosexuels, je suis souvent appelé à assister, en qualité d'invité honoraire, à leurs réunions et, tout en n'acceptant qu'un petit nombre de ces invitations, j'ai pu me former une opinion suffisamment exacte sur le mode de vie des uraniens de Berlin.

Caricature de l'époque

De nouveau, la remarque suivante nous ramène à ce soin, presque maniaque, d'éliminer la sexualité pure de cette vision et représentation de la vie homosexuelle berlinoise :

Dans toutes ces réunions la vraie sexualité se trouve au second plan, comme dans les cercles des normosexuels. Le trait d'union chez eux consiste simplement dans le sentiment de solidarité résultant de fatalités parallèles.

Il donne une grande importance aux lieux de la sociabilité homosexuelle (soirées privées et lieux publics), comme moyen de vivre ensemble avec ses semblables, plutôt que comme une façon de faciliter les rencontres sexuelles. Ce n'est qu'à la fin qu'il abordera plus directement ce thème à travers les bains et surtout les lieux de prostitution. A la lecture de ce livre, on peut parfois se demande si l’homosexuel berlinois fait l’amour !

Lorsqu'il évoque les lieux publics de rencontres (tavernes, cabarets, restaurants, bals, etc), il insiste beaucoup sur la spécialisation de ces lieux. Il les présente aussi comme des lieux plutôt préservés de la répression policière (il note qu'il y a peu d’agents provocateurs de la police). Ce qui peut laisser penser qu’il y avait une certaine tolérance, tant qu’il ne s’y passait pas des « agissements sans nom ». Constant la richesse de la vie homosexuelle à Berlin, il s'exclame :

On a vu des uraniens arrivant du fond de leur province, pleurer d'attendrissement à ce spectacle.

J'aime beaucoup cette remarque, probablement plus personnelle qu'il n'y paraît. Elle reste parfois encore juste, même si nous le l'exprimerions plus ainsi !

Sans entrer dans plus de détails sur le contenu du livre, rappelons qu'il donne un panorama complet de la vie homosexuelle berlinoise : les cabarets où l'on peut rencontrer des soldats (il parle avec précaution d'une « prostitution » soldatesque), les bals, les annonces dans les journaux, etc., pour finir les lieux de prostitution masculine. Sauf pour ce dernier point, il est toujours très préoccupé de faire comprendre au lecteur que, malgré la population qui les fréquente, les règles des convenances sont respectées dans ces lieux, voire que l'on y constate une forme de normalité.

Aucune dissonance ne trouble cette joie générale, jusqu'au moment où toutes les convives quittent ces lieux, dans lesquels elles ont pu, au milieu de leurs semblables, rêver pendant quelques heures. S'il vous arrive une seule fois de participer à une fête pareille, conclut Mme R. . . , vous en sortirez persuadé, pour le reste de votre vie, que les uraniennes sont injustement calomniées, que, là comme partout, il y a de braves gens et de mauvaises gens, bref que la disposition homosexuelle ne peut pas être une marque décisive de malhonnêteté. Exactement comme chez les hétérosexuels, il y a là, du bon comme mauvais.

Il termine l'ouvrage sur un ton plus militant. Après avoir constaté le faible nombre de personnes qui tombent entre les mains de la justice (il l'estime à une vingtaine par an), il insiste surtout sur le fléau du chantage et des agressions dont sont victimes les homosexuels. Cela lui permet de passer à sa revendication de l’abolition du § 175 qui est presque la conclusion du livre. D’une description « objective » de la réalité, il termine par un acte militant.

Avant de conclure, je reproduis ce curieux, et peu explicite, passage sur la sexualité.

Je m'élève ici contre l'opinion généralement répandue que dans le commerce entre soldat et homosexuel il s'accomplit ordinairement un acte quelconque tombant sous le coup de la loi. Quand on arrive aux actes sexuels, ce qui n'est pas toujours le cas, ils ne consistent alors que dans la surexcitation par les baisers et l'attouchement de certaines parties du corps, comme c'est généralement la règle dans les actions homosexuelles.
L'opinion que l'homosexuel, même femme, doit être pédéraste dans la pleine acception du mot, est fortement erronée. J'ai vu, dans ma pratique, un épisode qui prouve à quel point cette opinion est répandue encore à Berlin. Quand j'ai ouvert dans les journaux la question concernant la statistique des uraniens, vint chez moi quelque temps après un brave boucher de l'Est, un père de famille normal qui me demanda très sérieusement s'il n'était pas homosexuel, « car depuis quelques semaines je ressens – dit-il – un chatouillement dans le fondement ».

Je pense comprendre qu'être « pédéraste dans la pleine acception du mot » signifie qu'il y a pénétration. On retrouve le soin de ramener la sexualité des homosexuels à quelque chose de plus innocent que la vision crue d'un pénétration. Est-ce la marque intime et personnelle de sa façon de vivre sa propre sexualité ou une volonté délibérée de dédiaboliser l'homosexualité en la désexualisant en partie ?

Malgré la vision souvent rassurante et presque banale de l'homosexualité à Berlin, il sait reconnaître et rappeler la violence de la société vis-à-vis des homosexuels à travers quelques témoignages de suicides. On peut aussi citer, pour ceux que cela intéresse, un très long développement sur l'usage des sobriquets et des surnoms, souvent d'apparence féminine, que se donnent les hommes ente eux. Il estime le nombre d’homosexuels à Berlin à 50.000, dans une ville qui comptait alors 2 millions et demi d'habitants.

Ce livre est un témoignage irremplaçable sur la culture homosexuelle à Berlin avant la première guerre mondiale. Malgré certains éléments datés, il fourmille de témoignages et de tableaux vivants sur ce monde disparu.

Description de l'ouvrage

Dr Magnus Hirschfeld
Le troisième sexe. Les homosexuels de Berlin.
Paris, Librairie médicale et scientifique Jules Rousset, 1908, in-12, [4]-103 pp.


C'est un ouvrage rare dans les bibliothèques publiques françaises. On ne le trouve pas à la BNF. Il existe un exemplaire dans le fonds Lacassagne de la Bibliothèque Municipale de Lyon et deux à la Bibliothèque interuniversitaire de médecine et d'odontologie de Paris.

Il a été réédité dans la collection des cahiers GayKitschCamp.

Sur Magnus Hirschefeld, je conseille ce très bon document : cliquez-ici.

mercredi 11 avril 2012

Le vrai visage de Nino Cesarini ?

J'ai déjà eu l'occasion de parler sur ce blog du baron Jacques d'Adelswärd-Fersen, célèbre personnalité du Paris Gay du début du XXe siècle. Il est malheureusement surtout connu pour le scandale des "Messes noires" qui mettaient en scène des adolescents en éphèbes grecs dans son appartement de l'avenu de Friedland. Jean Lorrain prit sa défense vigoureusement dans Pelléastres (cliquez-ici). Ce parfum de scandale ne doit nous faire oublier qu'il est l'auteur d'ouvrages au charme suranné, dont le Baiser de Narcisse, qui a fait l'objet d'un message très développé sur ce blog (cliquez-ici). Mais, encore plus courageux pour l'époque, il est le fondateur de la première revue homosexuelle en France : Akademos. Mais ce n'est pas pour cela que j'évoque encore aujourd'hui cette personnalité oubliée, sauf d'un petit cénacle d'amateurs. Après le scandale de l'avenue de Friedland, il s'exila à Capri, dans la luxueuse ville Lysis. En 1904, il rencontra le jeune Nino Cesarini, qui partagea sa vie jusqu'à sa mort. Cette très belle photo de Wilhelm von Plüschow est parfois considérée comme un portrait de Nino Cesarini.


De nombreuses autres photos sont aussi considérées comme des portraits de Nino Cesarini. Pour débrouiller le mystère des images de Nino Cesarini, Jacques Desse a entrepris un travail d’érudition, basé sur des comparaison de nombreux documents et photos afin de trier le vrai du faux. Vous pouvez y accéder à cette adresse : http://issuu.com/gloeden-pluschow-galdi/docs/ninocesarini

Remarquable travail qui non seulement tente de clarifier un problème compliqué, mais est aussi l'occasion de nous faire pénétrer dans le monde de ces amateurs de beaux garçons de cette Italie du début du XXe siècle (Von Gloeden, Von Plüschow, Galdi, Fersen, etc.) Je signale aussi que le catalogage des photographies de Gloeden, classées par numéros de négatif, est en cours de réalisation. Ce travail considérable a été engagé par Giovanni Dall'Orto sur Wiki Commons avec la participation de plusieurs chercheurs ou amateurs (Catalogue Von Gloeden). A terme, il permettra de disposer d'un véritable catalogue raisonné de l’œuvre de Gloeden

Pour finir, ces deux images. Le portrait de Nino Cesarini par Paul Höcker : 


Le portrait de Fersen : 

samedi 24 mars 2012

Le Faune et le jeune homme, 1671


Gravure extraite de : Imperatorum romanorum numismata ex aere mediae et minimae formae, de Charles Patin, un ouvrage publié en 1671.

Le thème du faune et du jeune homme est relativement courant. Il est plus rare qu'il en émane une espèce de douceur et de tendresse comme sur cette image. En général, le faune est associé à l'ardeur sexuelle, voire à la violence sexuelle. Il ne semble pas en être ainsi sur cette image ou sinon ce jeune homme y trouve une sérénité paisible et rayonnante.

On pouvait penser que ces images anciennes, et comme volées, de tendresse entre hommes étaient rares. Magie d'internet, on s'aperçoit qu'il y en a eu beaucoup, disséminées dans des œuvres peu connues ou inaccessibles.

J'ai déjà eu l'occasion de publier sur ce blog des images (tableaux, sculptures ou autres) de notre culture homosexuelle que je pense inédites. Pourquoi inédites ? Pare que je les ai jamais vues auparavant sur les nombreux sites d'imageries homosexuelles anciennes et que mes sources ne proviennent pas de là. Le plus souvent je les glane au fil de mes lectures. J'ai donc créé une rubrique "images inédites"



vendredi 9 mars 2012

Un jeune homme, par Camille Corot

Camille Corot : Académie d’homme, circa 1830-1835

Ce tableau a appartenu à Christian Dior, château de la Colle Noire.