J'ai souvent eu l'occasion de parler de Jacques d'Adeslwärd-Fersen sur ce blog, une des belles personnalités de notre histoire homosexuelle. Jusqu'à maintenant, il n'existait pas de biographie directement accessible. L'Exilé de Capri de Roger Peyrefitte ne pouvait pas être considéré comme une source fiable. Au mieux, peut-on la lire quand on aime le style (fort vieilli) de Peyrefitte.
Cette lacune est maintenant comblée grâce à la belle biographie de Jacques Perot et Viveka Adelswärd : Jacques d'Adelswärd-Fersen, l'insoumis de Capri, qui vient de paraître.
C'est une biographie documentée, précise, qui obéit aux règles actuelles du genre : des faits vérifiés et sourcés, des travaux de recherche documentaire, un écriture précise. J'aime ce type de biographie qui pourrait paraître froide (ce que certains ont appelé des biographies notariés...). Dans le cas présent, ce récit de la vie de Jaques d'Adelswärd se lit avec plaisir grâce à l'élégance et la fluidité du style.
Mais au-delà de ces commentaires de forme, cette biographie apporte plusieurs éléments nouveaux qui enrichissent notre connaissance de la vie du baron comme la correspondance inédite de son cousin Adolf qui permet de voir "de l'intérieur" la perception de l'affaire par sa famille ou des textes inédits, comme celui qui permet de confirmer que Fersen se serait suicidé.
A la différence de la majorité des biographies d'écrivains, les auteurs ont fait le choix de publier de nombreux extraits de textes de l'auteur, soit pour appuyer des faits de sa vie (Jacques d'Adelswärd s'est beaucoup raconté), soit pour illustrer ses sentiments ou ses pensées, soit, tout simplement, pour faire découvrir ses œuvres. Excellente initiative qui permet au
lecteur de découvrir l'œuvre de Fersen. En effet, ses livres sont
difficilement accessibles et peut-être que tout le monde n'a pas le
temps (et parfois le courage) de découvrir les beaux textes de Fersen au
sein d'une production abondante.
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Ce beau portrait de l'adolescent Milès orne le dernier chapitre du bel ouvrage de Jacques d'Adelswärd-Fersen : Le Baiser de Narcisse, 1912, illustré par Ernest Brisset. |
J'aurais peut-être aimé qu'une place plus grande soit faite à la revue Akademos, même si un chapitre entier lui est consacré. En effet, il faut toujours répéter que c'est la première revue homosexuelle française, même si elle n'était pas que cela (récemment, on a essayé de lui retirer ce privilège d'antériorité au profit d'Inversions, autre revue méritoire). Mais c'est peut-être que j'aurais voulu un livre plus militant, mais ce n'était pas le propos des auteurs, ce qui est probablement mieux. Pour rester dans cette thématique, j'ai beaucoup apprécié la mise en valeur et la reconnaissance de la belle relation ente le baron et Nino, cet amour qui a traversé les années. Bel exemple de fidélité.
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Sur cette photo peu connue, récemment publiée par les éditions Quintes-Feuilles (voir commentaires),
on y voit Nino Cesarni à gauche et Jacques d'Adelswärd à droite. La troisième personne n'est pas identifiée. |