samedi 28 février 2015

Une édition illustrée du Satyricon

Un des plus grands plaisirs de me constituer une bibliothèque de beaux livres est de découvrir des exemplaires inconnus au gré de mes chines. Dernièrement, au Salon du livre et des papiers anciens de la porte Champerret, je suis tombé sur cet exemplaire du Satyricon, de Pétrone dont la reliure m'a immédiatement attiré l’œil (voir ci-dessous). Lorsque je l'ai feuilleté, ces gravures en couleurs à l'antique m'ont plu, en particulier parce qu'il s'en dégageait une atmosphère homoérotique qui n'est malheureusement pas si courante pour ce texte, pourtant lui-même si emblématique d'une culture gay, si on me permet l'usage de ce mot pour un texte antique. Cette illustration m'a particulièrement plu.


Cela m'a d'ailleurs amené à revoir en partie l'opinion que j'exprimais dans ce message (cliquez-ici) : " de mon point de vue et à ma connaissance, il n'existe pas d'édition illustrée de ce roman qui soit à la hauteur de l'histoire et de ce qui en fait la force pour nous [les homosexuels]. Pour celui qui ne découvrirait le livre que par les illustrations, il ne soupçonnerait même pas qu'il s'agit d'un roman homosexuel."

En effet, je trouve que de façon discrète - nous sommes en 1912 - une atmosphère favorable à l'amour entre hommes se dégage  de ces illustrations. Sur les 25 que comptent l'ouvrage j'en ai sélectionné 15 (avec celle reproduite ci-dessus).















Ce qui est particulier à cet exemplaire est la reliure à l'antique, signée Flammarion-Vaillant.


Détail du dos de la reliure.

Description de l'ouvrage

Couverture

Pétrone
Le Satyricon (traduction)
Paris, Maurice Glomeau, Éditeur, 1912, in-8°, IX-238-[1] pp. (la pagination arabe continue la pagination romaine), 25 illustrations en couleurs pleine page hors texte dont une en frontispice, titre en 2 couleurs illustré d'une vignette en couleurs, couverture en 2 couleurs illustrée d'une vignette en couleurs.

Titre

Sur la page de titre, il est annoncé : "Illustré de 26 décorations en couleurs adaptées de l'antique", mais on ne compte que 25 illustrations pleine page. Elles ne sont pas signées, mais dans la justification, on comprend qu'elles sont de Léon Lébègue.

La justification des 500 exemplaires est :
- 25 exemplaires sur Japon, avec trois états des illustrations, et une aquarelle originale de Léon Lebègue ayant servi à l'illustration (n° 1 à 25)
- 50 exemplaires  sur Japon, avec deux états des illustrations (n° 26 à 75)
- 425 exemplaires sur Hollande (n° 76 à 500)
Cet exemplaire est le n° 234, avec la signature de Maurice Glomeau (MG).

La préface est signée de Maurice Glomeau. On comprend, même si ce n'est pas explicitement dit, que la traduction est de Maurice Glomeau. En 1911, il avait publié une traduction de La Matrone d'Éphèse, un extrait du Satyricon, traduit par Jean Redni, qui est probablement un pseudonyme de Maurice Glodeau.

Maurice Glomeau, d'abord installé au 21 rue Pierre-Nicole (Paris 5e) puis au 41 de la même rue a publié de nombreux ouvrages. Un essai de bibliographie est accessible sur Internet à cette adresse : www.lekti-ecriture.com/blogs/alamblog/index.php/post/2012/09/11/Bibliographie-lacditions-Maurice-Glomeau

Il a publié 3 ouvrages sur le Satyricon dont celui-ci :
Le Satyricon. Lithographies de A.-L. Manceaux., Paris, M. Glomeau, (s. d.), 387 p., pl. en coul. (Préface de Jean Redni).
La Matrone d'Éphèse, traduction littérale de Jean Redni, précédée de la traduction en vers de Jean de La Fontaine et suivie du texte latin. Illustrations de Louis-Édouard Fournier, gravées à l'eau-forte par Edmond Pennequin.Paris, M. Glomeau, 1911, 31 p., fig. et pl. gravées.
Le Satyricon, illustré de 26 décorations en couleurs adaptées de l'antique. Paris, M. Glomeau, 1912, 239 p., fig. en coul. La préface est signée : "Maurice Glomeau".

mercredi 25 février 2015

Jesus-la-Caille, illustré par André Diginimont, 1929

Dans le droit fil du message où je présentais Jésus-la-Caille (cliquez-ici), je poursuis ma description des différentes éditions de ce roman à partir d'un exemplaire qui vient de rejoindre ma bibliothèque.

Frontispice (détail)

Il s'agit de l'édition de 1929, parue chez Émile Hazan & Cie, à Paris, illustrée de 6 eaux-fortes en couleurs d'André Dignimont (1891-1965) dont une en frontispice. Elle contient une vignette en couleurs au titre et une vignette en noir à l'achevé d'imprimer. J'ai sélectionné 3 de ces 6 eaux-fortes, celles où apparaît Jésus-la-Caille

Frontispice

En face de la p. 98.

En face de la p.170.

Détails des 2 eaux-fortes :


Ce qui fait aussi l'intérêt de cet exemplaire est la belle reliure signée par G. Weissenbach, reliure animée représentant une rue de Pigalle (le Sacré-Cœur est représenté en haut du dos). On y voit les bistrots, les hôtels, les affiches sur les murs, Fernande à gauche et Jésus-la-Caille à droite, le tout sous la lumière blafarde d'un réverbère qui trône au milieu, sur le dos.



Description de l'ouvrage


Francis Carco
Jésus la Caille
Paris, Emile Hazan & Cie, [1929], in-8° (244 x 180 mm), [6]-209-[3] pp., 6 eaux-fortes en couleurs hors texte dont une en frontispice, titre en 2 couleurs avec vignette en couleurs, une vignette en noir à l'achevé d'imprimer, couverture illustré d'une vignette.

 Couverture

Ouvrage tiré à 833 exemplaires numérotés, plus 40 exemplaires hors commerce. Celui est un des 800 exemplaires sur vélin d'Arches, à la forme fabriqué spécialement pour cette édition, avec la signature de l'auteur en filigrane.

L'achevé d'imprimer est du 15 novembre 1929, sur les presse de l'imprimeur Coulouma à Argenteuil.


Cet ouvrage, relativement courant à la vente, est mal représenté dans les bibliothèques publiques. Je n'ai trouvé que 2 exemplaires, un la BNF et l'autre à la BU lettres de Nantes. Pour celui-ci, la notice précise que c'est un don de l'abbé Brion. Il avait des drôles de lecture, cet abbé ! Pour être abbé, on n'en est pas moins homme.

samedi 21 février 2015

L'immoraliste, d'André Gide, une édition populaire

En 1950, les éditions Flammarion ont réédité des grands textes de la littérature dans une collection bon marché, qu'ils ont appelé "Select-collection" (la mode des anglicismes ne date pas d'aujourd'hui !).
Ce sont des cahiers imprimés sur un mauvais papier, sous une couverture illustrée d'une photographie en noir et blanc. C'est cette photographie qui a attiré mon attention, car elle résume en une seule image la trame de l'histoire et surtout le dilemme du héros Michel, entre la loyauté à son épouse mourante, Marceline, et les tentations de la sensualité, représentées par Moktir, lors du séjour final à Touggourt.


Le photographe anonyme a même trouvé un modèle de Michel qui présente quelques traits de ressemblance avec André Gide.


Quant à Marceline, on appréciera le côté théâtral de sa souffrance.


Le personnage central de la photo est, justement,ce jeune arabe :


Regardons le jeu de ses mains. L'une enlace tendrement le cou de Michel, tendresse qui n'est pas sans ambiguïté, car tout est dans la pression que cette main met sur le cou de Michel. Peut-être d'une simple sollicitation au début, elle devient une force qui tire vers le péché :


L'autre main, c'est celle qui indique la voie. Si, pour nous, cette voie est claire, comment était-elle interprétée par les lecteurs de 1950, cette époque qui a probablement été la plus prude de notre histoire ?


J'aime l'ambiguïté assumée de cette photo, sur cette publication bon marché, voire populaire.

Compléments

Suite au commentaire de Fabrice, du site e-gide, quelques précisions sur cette collection :
En 1914, les éditions Flammarion lancent la Select-Collection, des romans populaires sous un format simple et condensé (des in-8° brochés, format 17x24 avec texte sur deux colonnes), d'abord sous couverture rose illustrée au centre, puis avec illustration photographique pleine page.
En 1927, les numéros 267 et 269 de la collection qui en comptera près de 350 sont Si le grain ne meurt (texte non intégral) et L'Immoraliste.

L'édition que je présente ci-dessus est de 1950, mais la photo est la même que l'édition de 1935, comme on peut le voir sur cette sélection de couvertures :

Lorsque j'aurai trouvé le numéro consacré à Si le grain ne meurt, je vous présenterai la couverture.

vendredi 13 février 2015

L'image essentielle

L'image essentielle
Une image - c'est un soupçon de ma part - a dû être déposée en moi dès le commencement du monde, au moins dès le commencement de moi-même, dès ma conception dans le sein de ma mère, une image abstraite et éclatante, qui est à l'origine de mon plus personnel Désir. C'est elle qui détermine et dirige tous les mouvements de mon âme.
C'est une image de l'Homme éternel. Un jour ou l'autre, elle s'incarne dans un être qui devient l'objet unique de ma hantise et de mes convoitises - obsession vivante -, hallucinante. Voilà le vrai ressort de la Passion.

Marcel Jouhandeau, Bréviaire, 1980, p. 30.

Pour moi, cette image pourrait bien être celle-ci :
 
 .
Merci à Another Country et son blog  qui m'a fait découvrir cette image.

dimanche 8 février 2015

Glanes

Attribué à Simone CANTARINI (1612 - 1648) : Saint Jean Baptiste

Boleslas BIEGAS (1877-1954) : Jeune homme